Cela ne peut pas être le point de départ. On ne peut pas mettre en vis-à-vis le nombre d'enfants placés et celui des postulants à l'adoption. Une très large majorité des 147 000 enfants placés ne sont pas en situation d'adoptabilité : ils ont des parents, même si ceux-ci ne s'occupent pas d'eux au quotidien. On doit se préoccuper ici des enfants en situation de délaissement parental. Et délaissement et maltraitance ne font pas forcément appel aux mêmes notions ; les logiques sont différentes.
Comme les autres intervenants, je considère qu'on pourrait avancer plus tranquillement si toute la partie relative au délaissement était déconnectée de la réflexion autour de l'adoption. Cela ne jetterait pas la suspicion sur l'approche qu'on peut avoir, s'agissant notamment des familles adoptives. Si nous sommes prudents, c'est du fait de notre expérience. Il faut toujours partir de l'intérêt des enfants. Je n'ai pas mis en avant la problématique de l'adoptabilité psychosociale ou médico-psychosociale par hasard. Pour les enfants arrivant au statut de pupille, qui les rend juridiquement adoptables, il convient de compléter l'évaluation d'adoptabilité par une étude de la capacité qu'aura l'enfant de s'intégrer dans une nouvelle famille. À défaut, on ira droit dans le mur. Il est possible d'élaborer un projet de vie pour l'enfant qui ne conduise pas obligatoirement à son adoption. C'est l'histoire de l'enfant qui est déterminante. Cela doit être du « cousu main ».