Je ne pense pas que l'on puisse proposer des solutions simplistes ni espérer que, dans un pays aussi varié que la France, le prix de l'eau pourra un jour être le même partout. Dans le canton du Jura dont je suis l'élu, une commune de vingt habitants possède sa propre régie d'eau : je m'efforce d'aider le maire autant qu'il m'est possible, mais comment comparer une telle situation avec celle des grandes agglomérations, qui peuvent bénéficier d'importantes économies d'échelle ? En outre, chacun est jaloux de son organisation : pour 544 communes, le département du Jura compte plus de 250 gestionnaires d'eau – dont des syndicats et des régies..
Il faut néanmoins résister à la tentation d'opposer régies et sociétés privées. Siégeant au conseil d'administration de la Fédération des entreprises publiques locales, je me demande si la mise en oeuvre de synergies entre ces régies et les sociétés d'eau, sur la base de contrats connus et transparents, ne permettrait pas au contraire une amélioration du système, donc un contrôle – et pas nécessairement une unité – des prix. Permettez-moi de citer un seul chiffre : pour un réseau d'eau dont le taux de fuite atteint 50 %, les pertes en eau de 20 personnes équivalent à la quantité d'eau nécessaire pour irriguer un hectare de terre agricole. L'amélioration de la technologie sera obtenue par une meilleure coopération entre les uns et les autres, non par l'affrontement.