Mais si vous voulez éviter le nationalisme, il faut apporter, au niveau européen, des réponses qui soient comprises par les peuples. Il faut aussi que vous acceptiez de reconnaître que d'autres réponses sont possibles. C'est l'existence d'un débat qui nous permettra d'éviter les crispations nationales, qui sont à craindre dans le moment que nous vivons.
À cet égard, les décisions qui se préparent dans les discussions actuelles du couple franco-allemand ont quelque chose de profondément choquant. Il est choquant de constater que, alors que l'Europe est financièrement au bord du gouffre, l'on continue à discuter de la question de savoir si, juridiquement, la Banque centrale européenne peut intervenir ou non.
Il y a des moments, dans l'histoire, où il faut savoir prendre certaines dispositions, même si elles ne sont pas prévues par les traités, même si elles y dérogent. C'est cela, le courage politique ; c'est cela, la responsabilité politique : mettre en place des mesures qui permettent d'éviter le pire. Je le dis d'autant mieux qu'il me semble que c'est la position française. Soit l'idée d'une intervention de la BCE est défendue, soit elle est mise de côté, mais alors cela risque de poser de nombreux problèmes.
De même, il est choquant que l'on veuille judiciariser les budgets européens et rendre le Pacte de stabilité opposable devant la Cour de justice, au risque de remettre en cause la souveraineté budgétaire des États. Les parlementaires que nous sommes ne l'accepteront pas. Il n'est pas acceptable que l'élaboration du budget soit prise dans un carcan juridique qui nous empêcherait d'exercer notre responsabilité.