Cette facilité tient au fait que les projets de loi de finances et les projets de loi de finances rectificative qui nous sont présentés depuis le début de l'année sont systématiquement en retard sur l'évolution de la situation. Nous avons discuté d'un budget fondé sur un taux de croissance de 1,75 % alors que nous savions qu'il serait plutôt de 1 %, voire inférieur à 1 %. Aujourd'hui, nous est présenté un projet de loi de finances rectificative fondé sur un taux de croissance de 1,5 % alors qu'il sera vraisemblablement de 0,5 %, voire de 0,3 %. Autrement dit, le texte que nous examinons aujourd'hui est d'ores et déjà dépassé.
Deuxième chose : l'austérité conduit à la régression économique et sociale, tous les économistes faisant preuve d'un minimum d'objectivité le soulignent. C'est ce que nous vivons aujourd'hui : augmentation du chômage, régression ou stagnation du pouvoir d'achat, baisse des recettes de l'État. L'austérité n'est pas la bonne solution. Vous faites exactement l'inverse de ce qu'il convient de faire.
Par ailleurs, j'ai entendu le rapporteur général revenir sur le dogme selon lequel les coûts salariaux seraient trop élevés dans notre pays. Cela fait trente ans que, dans notre pays, on baisse ces coûts. Le résultat, c'est que nous sommes confrontés aujourd'hui à une terrible crise dont beaucoup d'économistes s'accordent à dire qu'elle est une crise de la demande, et donc qu'elle est due notamment à des salaires insuffisants.
Enfin, il faut bien voir qu'à côté des coûts salariaux, il y a les coûts financiers. Je ne prendrai qu'un exemple : en huit ans – donc y compris pendant la crise –, la part des dividendes distribués aux actionnaires et des intérêts versés aux banques dans la richesse des entreprises est passée de 25 % à 36 %. Si encore les actionnaires faisaient de cet argent quelque chose d'utile ! Mais ce n'est absolument pas le cas. Aujourd'hui, 95 % des capitaux qui circulent dans le monde sont uniquement spéculatifs.
Si vous cherchez des économies à faire, ce n'est pas dans les coûts salariaux mais dans les coûts financiers qu'il faudra les chercher.
Nous voterons cette motion.
(La motion de rejet préalable, mise aux voix, n'est pas adoptée.)