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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 29 novembre 2011 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2011 — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Mais si ! Démontrez le contraire ! Les affirmations relèvent de la méthode Coué. C'est comme les gens qui vont à confesse et s'accusent de péchés. Il ne suffit pas d'affirmer ou d'infirmer, il faut démontrer.

Je suis rationnel, je ne suis ni dans la croyance, ni dans la foi, même si, pour vous faire plaisir, j'aurais envie de vous croire, madame la ministre. Mais comment vous croire ? Lorsque nous allons dans nos cités HLM, nous sommes confrontés à la réalité, qui contredit vos propos. Parfois, je me demande dans quel monde vous vivez et qui vous fréquentez – je ne parle évidemment pas de votre vie privée, mais de la sphère publique. Je suis sûr que nous ne fréquentons pas les mêmes personnes. En tout cas, nos sympathies ne vont pas dans la même direction.

Quand je parle de privilèges, je pense à la niche Copé, qui coûte 5 milliards d'euros par an, à la niche Dutreil, à la baisse de la TVA dans la restauration, à la défiscalisation des heures supplémentaires, qui ont déjà été évoquées.

Comme au XVIIIe siècle, où la Couronne de France croulait sous les dettes à cause des privilèges fiscaux consentis à la noblesse et au clergé, ce sont les privilèges que je viens de citer qui ont conduit la France dans la situation que nous connaissons : une situation de marasme économique profond. Ce sont les petites gens, comme au XVIIIe siècle, qui croulent sous le poids des privilèges. Ce ne sont sûrement pas notre système social, ni nos retraites, ni nos fonctionnaires, que vous accablez de tous les maux, qui en sont les responsables. D'ailleurs, ils n'auront même plus le droit d'être malades, si ce n'est à leurs frais, avec la nouvelle mesure que vous venez de prendre.

Non, madame la ministre, ce qui est en cause, c'est votre politique, votre idéologie, le système qui guide chacune de vos actions. J'en veux pour preuve les déclarations de M. le Premier ministre, le 5 novembre dernier, à Morzine. Il n'hésite pas à montrer du doigt les petites gens, mais refuse catégoriquement de désigner les vrais responsables de la crise économique.

Écoutez bien les propos de M. Fillon, mes chers collègues de l'UMP, vous qui êtes idolâtres, mais surtout du Président de la République, et moins du Premier ministre : « Je crois qu'il n'est pas utile de s'en prendre aux agences de notation, aux banquiers, aux spéculateurs et à je ne sais quel bouc émissaire ». Il fallait oser dire une chose pareille ! Avec un tel discours, la mécanique infernale se poursuit dans toute l'Europe et on dédouane ceux qui avaient été montrés du doigt par le Président de la République comme étant les coupables de la situation que nous connaissons. On voit l'intérêt du double discours que vous tenez.

Madame la ministre, contrairement à ce que vous cherchez à faire croire aux Français, de plateaux de télé en émissions de radio, de l'argent, la France en génère beaucoup. Le peuple n'est pas dupe, il sait pertinemment que vous refusez d'aller chercher l'argent là où il coule à flots, c'est-à-dire chez les gens que vous fréquentez : les nantis, les repus, les privilégiés, les profiteurs.

Le déficit de la France atteint officiellement cette année 95,3 milliards d'euros. C'est ce que vous avez dit cet après-midi. On verra si cela se vérifie. Mais si une politique au service de l'intérêt général avait été menée ces dernières années, la France ne serait pas en situation de déficit. Il convient de dire la vérité. Vous essayez d'endormir nos concitoyens – « Dors, je le veux ! » –, en leur présentant la situation économique comme le produit d'une irrésistible fatalité. En fait, elle est le résultat de votre politique et de celle de vos congénères européens, vous épaulant les uns les autres. Parfois même, vous allez chercher l'oncle Sam, pour une conférence de presse commune. On a vu les échanges entre Nicolas et Barack : « Je te passe le céleri, tu me passes la rhubarbe », tout cela pour préparer les prochaines échéances électorales. Lorsque j'emploie le mot « congénères », il s'agit bien de congénères au sens étymologique.

Il faut dire la vérité. Madame la ministre, écoutez ces quelques chiffres. Ils contredisent vos discours, qui cherchent à faire prendre des vessies pour des lanternes.

Selon la Cour des comptes, la politique de l'UMP est responsable pour les deux tiers du déficit de notre pays. D'après l'inspection générale des finances, la suppression des niches fiscales jugées inefficaces ou peu efficaces, qui profitent aux grandes fortunes et aux grandes entreprises, pourrait rapporter plus de 60 milliards d'euros. Vous refusez de mener avec l'énergie nécessaire la lutte contre la fraude fiscale – vous avez donné des chiffres, qui sont en progression, mais l'instituteur que je suis pourrait mettre sur votre livret : « Peut mieux faire ! » Car, de la fraude, il y en a encore. Si vous voulez bien prendre le risque d'avoir des courbatures, vous allez rester longtemps baissée vers le sol pour ramasser tout ce que les fraudeurs ont dissimulé. Nous ne pouvons que vous encourager à continuer.

D'après le syndicat CGT des finances publiques – vous savez que ce sont des gens qui sont reconnus pour leur sérieux –, …

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