Il n'empêche que c'est un pari : à dix contre un, on espère gagner, mais à trois contre sept, on risque de perdre. Et il convient de partager cette incertitude avec celui qui va jouer et courir le risque.
Ce qui est valable au niveau individuel est valable au niveau collectif. Il est tout à fait légitime d'entreprendre une action collective de prévention si elle est évaluée de façon explicite et permanence.
Nous n'avons sans doute pas le temps de vous parler longuement des effets indésirables graves liés aux soins. Sachez toutefois que les nombreuses études menées sur le sujet montrent que la moitié d'entre eux auraient pu être évités.
Si l'on extrapole les conclusions des études américaines, on peut en déduire qu'il y a chaque année dans notre pays entre dix mille et vingt mille décès par effets médicamenteux indésirables. Selon les récentes études françaises de l'enquête nationale sur les événements indésirables graves associés aux soins, on compte mille effets indésirables pour mille consultations en soins de premier recours, et peut-être une dizaine d'effets indésirables pour mille journées d'hospitalisation. Enfin, une hospitalisation sur vingt serait liée à un effet indésirable grave, lequel met en jeu le pronostic vital.
Les études menées par l'enquête nationale sur les événements indésirables graves associés aux soins entre 2004 et 2009 ne montrent aucun progrès dans les chiffres globaux. C'est un sujet d'interrogation, en tout cas pour les soignants et pour Prescrire. En effet, la prévention des effets potentiellement évitables est une belle cause de santé publique qui demande la mobilisation de nombreux acteurs.
La prévention touche donc de nombreux secteurs. Elle ne se traduit pas forcément dans une loi de santé publique, mais par la fixation de quelques objectifs de santé publique bien compris, concernant l'obésité, le diabète et l'hypertension, les médicaments, les erreurs médicamenteuses et les erreurs de soins en général.