Prescrire est arrivé à la conclusion que ce vaccin avait une balance bénéfice-risque favorable pour certains individus, mais pas nécessairement pour l'ensemble de la population. Certains n'ont pas compris notre position et nous ont critiqués.
Il faut d'abord évaluer la balance bénéfice-risque chez certaines populations, ensuite s'interroger sur la généralisation du vaccin à l'ensemble de la population, et enfin savoir comment informer la population et l'inciter à se faire vacciner. Ce sont trois stades bien différents, et la configuration est la même qu'il s'agisse du vaccin contre le cancer du col de l'utérus, contre l'hépatite B ou la grippe H1N1. En l'occurrence, le vaccin contre l'hépatite B a été généralisé de façon abusive, et sans doute a-t-on dissimulé certaines informations sur ses effets indésirables.
Au niveau individuel, la prise en compte d'effets indésirables aboutit à un pari : vais-je ou non rencontrer ces problèmes ? Collectivement, elle s'explique, si l'on essaie de valoriser la balance bénéfice-risque en limitant la vaccination aux groupes qui en retireront le plus grand bénéfice. Le risque devient alors plus acceptable.
La généralisation abusive de la vaccination contre l'hépatite B a contribué à renforcer le mouvement « antivaccination », qui existait déjà en France et qui soulève indéniablement des difficultés. C'est ainsi qu'il sera difficile d'atteindre un taux de vaccination de 90 % ou 95 %, qui serait pourtant utile, pour lutter efficacement contre la rougeole.
Dans sa communication, la Cour des comptes suggère d'utiliser le colloque singulier entre le médecin et son patient pour proposer des vaccinations. Nous sommes dans cette logique, car nous ne sommes pas favorables à ce qui relève de l'obligatoire ou d'une logique commerciale. Établir une relation de confiance entre les soignants et les soignés favoriserait la prise de décisions partagées et serait le moyen de toucher tout le monde, y compris les populations plus éloignées du système de soins.