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Intervention de Philippe Schilliger

Réunion du 17 novembre 2011 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Philippe Schilliger, rédacteur de la revue Prescrire :

On ne peut pas vous répondre sur les vaccinations en général. On ne peut que répondre, vaccin par vaccin, à différentes questions. Que veut-on éviter ? Quel est le risque absolu face à telle pathologie, pour une population donnée ? Quelles actions se donne-t-on ? Là encore, il s'agit de faire la balance entre ce que l'on peut espérer et le prix humain et collectif que l'on est prêt à payer.

Un taux vaccinal de 70 % est sans doute un peu faible pour certaines maladies infectieuses. Pour la rougeole, en particulier, il vaudrait mieux qu'il soit plus élevé. En effet, on assiste actuellement à une recrudescence des épidémies de rougeole, qui risquent de s'intensifier.

Il y a très peu de vaccinations obligatoires. Par exemple, la vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) n'est que recommandée. En revanche, les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont obligatoires et inscrites dans la loi.

La vaccination contre la variole n'est plus obligatoire depuis les années 1970. Ce n'était plus un objectif de santé publique. En outre, l'État était confronté à des problèmes de responsabilité.

Enfin, la suppression de l'obligation de la vaccination contre la tuberculose s'appuie sur des arguments épidémiologiques qui semblent très sérieux : la vaccination ne joue plus son rôle dans la période actuelle, sauf pour certaines populations bien ciblées.

Il convient donc de bien déterminer quelle est la population ciblée, quel est l'objectif poursuivi, quels moyens sont utilisés, notamment pour convaincre les individus de se faire vacciner. Encore une fois, l'information doit être honnête, claire, étayée et efficace.

On peut s'étonner que l'information soit dispensée par certains acteurs, notamment par les firmes, dont on peut déplorer les démarches commerciales, sans que soient utilisés des moyens collectifs publics pour dispenser une contre-information solide, efficace et sincère.

Prenons l'exemple du dépistage du cancer de la prostate. Où se trouve l'information des organes de santé publique nationaux annonçant qu'il ne faut pas recourir au dosage du taux de PSA ? Quelles actions ont été entreprises pour essayer de limiter, ne serait-ce que les prescriptions spontanées de dosage du PSA ou pour délivrer une contre-information sur les tests à domicile qui seront bientôt disponibles sur le marché ?

Quand la vaccination apparaît justifiée par une balance bénéfice-risque favorable, Prescrire recommande à ses lecteurs de la proposer aux patients. Ensuite, c'est aux pouvoirs publics d'agir : rendre une vaccination obligatoire est un acte d'autorité publique.

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