Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Philippe Schilliger

Réunion du 17 novembre 2011 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Philippe Schilliger, rédacteur de la revue Prescrire :

Avec l'affaire du Mediator, en 2011, il semble bien que la société, dans son ensemble, ait pris conscience que les médicaments n'avaient pas que des effets positifs, et qu'il valait mieux s'intéresser à leur balance bénéfice-risque avant de décider de leur utilisation. Malheureusement, cette prise de conscience ne se vérifie pas dans le domaine de la prévention.

Je prendrai l'exemple des campagnes de dépistage du cancer du sein par mammographie, qui suscitent bien des interrogations.

Ces campagnes sont positives, parce qu'il s'agit d'inciter le plus possible de femmes à participer à ce dépistage. Mais les brochures ne font que suggérer le problème des dépistages « faux négatifs » – tous les cancers ne sont pas dépistés – et abordent d'une seule phrase, assez lapidaire, celui des « faux positifs ». Or, d'après les données dont nous disposons aujourd'hui, le bénéfice que peuvent tirer les femmes de ce dépistage est au mieux très modéré : d'assez nombreuses femmes sont inquiétées à tort et doivent subir des ponctions et des biopsies, qui sont des actes invasifs ; les interventions lourdes, qu'un dépistage précoce est censé éviter, sont toujours aussi nombreuses.

Ces questions apparaissent peu dans le débat public et pas du tout, ou très peu, dans l'information dispensée aux femmes. La loi n° 2004-206 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, puis le plan Cancer 2009-2013, ont fixé comme objectif un dépistage à hauteur de 80 %. Cet objectif a été repris par la sécurité sociale, notamment dans la convention médicale précédente, laquelle incitait les généralistes à délivrer une information incitative destinée à vaincre les réticences. Les contrats d'amélioration de pratiques individuelles en ont fait une incitation financière, qu'on retrouve dans la convention médicale de 2011.

N'est-ce pas en contradiction avec la nécessaire information raisonnable des patientes et avec la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades ? Selon ce texte, toute personne à qui l'on propose une intervention médicale doit être informée des bénéfices qu'elle peut en attendre et des risques qu'elle court si elle s'y soumet ou si elle la refuse. Cette situation témoigne en tout cas de l'insuffisante prise en compte des avantages et des inconvénients, ou des bénéfices et des risques des interventions médicales. C'est d'autant plus regrettable que l'on est dans le domaine de la prévention et que l'on s'adresse à des personnes qui ne sont pas malades.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion