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Intervention de Rémy Pflimlin

Réunion du 23 novembre 2011 à 10h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rémy Pflimlin, président-directeur général de France Télévisions :

Je suis heureux de pouvoir aujourd'hui, non seulement vous présenter un bilan de l'exécution du COM en 2010, thème de cette audition, mais également, comme vous m'y invitez, tracer devant vous les perspectives du COM signé hier avec l'État et d'exposer ce que nous avons mis en oeuvre en 2011.

Le rapport d'exécution pour l'année 2010, que nous avons déjà présenté au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), montre que tous nos objectifs ont été atteints, comme le montrent les quelques chiffres clés que je vais vous citer. Ainsi, ce sont 742 programmes culturels qui ont été diffusés en 2010 en première partie de soirée, pour un objectif de 365. France Télévisions reste un acteur majeur de la création audiovisuelle française car il s'agit d'un élément central et distinctif de son activité, qui consiste à produire, à coproduire et à diffuser des oeuvres de création française et européenne. Nous avons, pour cela, investi 386 millions d'euros en 2010, soit un montant supérieur à celui de l'objectif, fixé à 385 millions. Conformément à une obligation analogue et à la prévision du COM, nous avons investi près de 58 millions d'euros dans le cinéma.

Les programmes sportifs de France Télévisions auront permis au téléspectateur de suivre plus de 111 disciplines différentes, alors que l'indicateur, déjà ambitieux, du COM, en fixait le nombre à 70.

Pour l'exercice 2011, qui s'achève bientôt, notre entreprise équilibre ses comptes, malgré une allocation publique diminuée de 28 millions d'euros par rapport au budget initial du fait de la moindre compensation de la suppression de ressources publicitaires et un surcoût de dépenses de 4 millions dû à la nouvelle taxe territoriale remplaçant la taxe professionnelle.

Nos recettes publicitaires, initialement prévues pour 410 millions d'euros, ont été révisées à la hausse pour 425 millions. L'objectif sera tenu, ou presque.

Pour obtenir cet équilibre, nous avons redéployé certaines dépenses de programmes, en vue notamment de financer l'achat, non prévu initialement, de matches de rugby de la Coupe du monde : l'ensemble des droits était en effet détenu par TF1 mais, France Télévisions étant traditionnellement la chaîne du rugby, j'ai souhaité que nous puissions diffuser un certain nombre de rencontres. Nous avons donc acquis les droits d'une vingtaine d'entre elles, ce qui a entraîné un certain réaménagement des budgets de programmes.

Le projet de budget de 2012 a été construit comme le premier du nouveau COM. Son équilibre repose d'abord sur le maintien du même niveau de recettes publicitaires, à 425 millions d'euros, objectif ambitieux eu égard à la crise économique et à l'évolution du paysage audiovisuel, caractérisé par le développement de la télévision numérique terrestre (TNT), qui répartit désormais les audiences entre 19 chaînes gratuites. Les dépenses de programmes progresseront de 2,6 %, pour un accroissement de nos ressources de 2,3 %, ce qui rend compte de la dynamique du COM, nos autres dépenses devant être au mieux maintenues et, le plus souvent, diminuées.

Les lignes de force de 2012 et, plus généralement, du COM, résident, avant tout, dans le financement de la création. Celui-ci repose sur un plancher de 420 millions d'euros pour l'audiovisuel, soit plus de 50 % de la création audiovisuelle française, et de 60 millions d'euros pour le cinéma. France Télévisions se place aujourd'hui comme le premier financeur de la fiction, du documentaire, de l'animation et du spectacle vivant. C'est un élément fondamental de notre mission et de notre spécificité.

De notre investissement dans le numérique dépend d'abord notre capacité de présence sur tous les écrans, répondant ainsi à la mission d'offrir au maximum de téléspectateurs, c'est-à-dire de nos concitoyens, de l'information, des oeuvres originales et des retransmissions sportives. C'est pourquoi nous avons lancé, il y a huit jours, une plateforme visant, d'une part à rendre l'information de France Télévisions accessible sur les nouveaux écrans, particulièrement les téléphones portables, du genre iPhone ou Smartphone, et les tablettes, d'autre part à offrir un produit innovant qui est l'information en continu et interactive. Nous nous plaçons ainsi dans l'univers de l'échange pratiqué à travers les réseaux sociaux. Il est vital pour France Télévisions de s'inscrire ainsi dans la modernité : un service public comme le nôtre doit se maintenir à la pointe du progrès technique et éditorial. L'argent public ne saurait financer autre chose qu'une expression performante de nos missions.

De notre investissement dans le numérique dépend également, pour le téléspectateur, la possibilité d'accéder à l'information locale et d'outre-mer en sélectionnant, par exemple, une région ou un territoire dont il fait directement remonter le programme jusqu'à son terminal.

La plateforme a débuté dans de bonnes conditions : elle a tout de suite bénéficié d'échos favorables de la part des personnes connectées, ce qui est important pour l'image de France Télévisions et du service public. Nous allons pouvoir en mesurer les effets dans les semaines qui viennent. Notre objectif, ambitieux, consiste à atteindre le million de téléchargements pour l'application « information » avant la fin de l'année, ou au début de l'année prochaine : l'application déjà en place pour les programmes, permettant à ceux-ci d'être revus et échangés, a déjà fait l'objet de plus d'un million de téléchargements.

Les autres projets inscrits dans le COM consistent à lancer, avec les mêmes fonctionnalités, une plateforme « sports » au printemps prochain, en tout cas avant les Jeux olympiques, ainsi que, pour la fin de 2012 ou le début de 2013, une plateforme culturelle, comportant, non seulement une information sur le spectacle vivant et, d'une façon générale, sur l'offre culturelle, mais aussi la possibilité d'accéder aux images dont nous aurons acquis les droits.

Enfin, nos antennes s'engagent en faveur de la diversité, avec le souci d'atteindre tous nos concitoyens, non seulement par la façon de traiter les différents sujets, mais aussi en rendant nos programmes accessibles aux malvoyants et aux malentendants.

La rentrée de septembre a vu le lancement d'une cinquantaine de nouveaux programmes, ce qui est considérable. Ceux-ci ont connu des succès d'audience inégaux. Quelques émissions ont été moins bien accueillies que les autres. Mais il revient au service public de prendre des initiatives dans les domaines du documentaire et de la fiction, comme également des risques : c'est ainsi qu'il peut se différencier de l'offre privée et atteindre ses propres objectifs.

L'audience de France 2 progresse constamment depuis septembre : elle s'établissait alors à 13,5 % ; elle atteint aujourd'hui 15 %, soit le niveau observé quelques mois auparavant. Nous avons enregistré quelques succès importants en soirée, aussi bien avec nos magazines qu'avec des documentaires comme Apocalypse Hitler ou Voyage en terre inconnue, ainsi qu'avec des fictions comme la nouvelle saison de Fais pas ci, fais pas ça. Surtout, nous y parvenons tout en respectant nos missions de service public.

Les journaux d'information de France 2 se tiennent spécialement bien, en termes aussi bien d'impact que de qualité du contenu et d'audience. L'ensemble de nos journaux, de nos magazines d'information et de nos émissions spéciales rencontre ainsi un public important.

France 3 bénéficie aujourd'hui, sur sa tranche de dix-sept à vingt-deux heures, d'une audience très satisfaisante et comparable à son niveau antérieur, de l'ordre de 15 %. Les émissions correspondantes débutent après la retransmission, en semaine, des débats parlementaires, et s'étendent jusqu'à la fin de la première partie de soirée. Le rendez-vous d'information du « 19-20 », comportant durant une heure des émissions couvrant l'actualité locale, nationale et internationale, continue de recueillir une large audience.

Mais France 3 souffre le matin, entre huit et dix heures, du fait de la diffusion de dessins animés. Car le public de ce genre d'émissions préfère aujourd'hui les chaînes thématiques aux chaînes généralistes : dès le plus jeune âge, les enfants savent manier une télécommande et s'orientent vers les nombreux programmes qui leur sont proposés en continu.

La chaîne a fortement développé ses tranches régionales entre dix et quatorze heures, ce qui l'empêche d'en comparer l'audience à celle des grandes chaînes nationales car, d'une part, celle-ci s'avère très variable d'une région à l'autre et, d'autre part, elle est très faible dans les grandes métropoles, dont la population est bien moins attentive à la dimension locale que celle de régions à forte identité ou des zones rurales. La mesure de l'audience de France 3 ne saurait donc être appréhendée de la même façon que celle des chaînes nationales. Dans son cas, il conviendrait mieux de la prendre en compte par blocs horaires que vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Faute de quoi, nous serions incités à réduire la part des programmes régionaux alors que notre raison d'être conduit, au contraire, à en diffuser toujours davantage.

Nous avons sensiblement diversifié l'offre de programmes de la deuxième partie de soirée sur France 3 : le lundi soir est consacré aux documentaires, dont les audiences sont inévitablement inégales ; le mardi aux débats, dans l'émission de Frédéric Taddeï Ce soir ou jamais ; le mercredi à un magazine sur l'histoire ; le jeudi à une grande soirée cinéma avec la diffusion de deux films, puis de courts-métrages. L'ensemble commence à s'installer de façon satisfaisante.

France 4 et France 5 progressent très bien. La deuxième vient de battre, la semaine dernière, son record historique d'audience et devrait désormais s'inscrire à un niveau qu'elle n'avait jamais atteint jusqu'ici. France 4 est la chaîne du paysage audiovisuel qui progresse le plus au sein de l'auditoire des vingt à trente ans.

Nous souhaitons, au titre du COM signé hier, et pour les années à venir, octroyer davantage de place à la culture et, d'une façon plus générale, à la création française dans toute sa diversité. Nous entendons ainsi développer la présence de la musique, avec la programmation, sur France 2, d'un nouveau magazine le samedi matin, rediffusé le samedi en fin de soirée, de même que sur France 4 et sur France Ô. Des décrochages locaux et régionaux, y compris outre-mer, contribuent à soutenir localement le spectacle vivant. Ainsi, la semaine dernière à Lyon, à l'occasion de l'ouverture du TNP, nous avons diffusé Ruy Blas en décrochage de France 3 Rhône-Alpes, ce qui a permis à 35 000 personnes de le regarder, nombre relativement faible en apparence, mais très élevé par rapport aux 1 200 places disponibles dans le théâtre.

Nos audiences hebdomadaires cumulées atteignent 78,2 %, à comparer à l'objectif de 72 % mentionné par M. Dominique Baert.

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