La perception des différents pouvoirs en place de l'installation des bases française aux EAU a été consensuelle, sauf à Oman qui considère qu'elles contribuent à envenimer les tensions avec l'Iran. Les autres pays y voient plutôt une diversification positive par rapport au partenariat américain. La question demeure de savoir si la présence française constitue une alternative au « tout-américain » ou un prolongement. Sur la question iranienne, certains interlocuteurs saoudiens ont été perturbés par la dureté de la position française, qui apparaissait jusqu'alors comme sensiblement différente de celle des Américains. Le président de la République est perçu comme beaucoup plus proactif sur les questions de sécurité dans la région que ses prédécesseurs, mais aussi beaucoup plus atlantiste.
Enfin, concernant le Qatar, petit pays grand comme la Corse, l'activisme qu'il déploie, notamment sur le plan financier est important. Son pro-activisme en Libye pose question, de même que ses soutiens à divers mouvements islamistes dans le Golfe et en Occident. Sa chaîne satellitaire Al Jazeera a été très présente en couverture des révolutions arabes au Maghreb et Moyen Orient mais muette sur les événements à Bahreïn. Le Qatar est donc de plus en plus discipliné à mesure qu'il s'agit d'informer que la distance avec sa frontière se réduit et il prend désormais bien garde de ne pas froisser son voisin saoudien, après de nombreuses frictions entre les deux pays. Tant que l'activisme du Qatar ne concerne pas les pays du Golfe, l'Arabie saoudite doit se délecter de le voir, en quelques sortes, « griller » toutes ses cartouches, sachant que la diplomatie ambivalente du Qatar fait l'unanimité contre elle au sein du Monde arabe.