Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Fatiha Dazi-Heni

Réunion du 16 novembre 2011 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Fatiha Dazi-Heni :

M. Mouline a parlé des dynamiques internes et je voudrais aborder le thème des réactions des monarchies du Golfe aux printemps arabes. La chute de Ben Ali a été accueillie calmement. En revanche, lorsque les révoltes ont touché l'Egypte, la réaction a été très défensive. Moubarak était la colonne vertébrale des alliances régionales et sa chute a été un traumatisme. Même si elles sont très florissantes sur le plan économique, dans le monde arabe et même au-delà, les monarchies se sont retrouvées désemparées car n'ont pas de réelle capacité régionale autonome. Leur première réaction a donc été de panique et ensuite défensive.

On assiste aujourd'hui à un mouvement en faveur d'une plus grande cohésion entre les monarchies. Cela a été visible lors de la crise à Bahreïn. Le Conseil de coopération du Golfe promeut aujourd'hui une politique de sécurité, ce qu'il n'avait pas réussi à faire jusque-là. Ces pays ne forment pas un bloc homogène ; leurs perceptions ne sont pas identiques. En ce qui concerne l'Iran, il y a une très grande diversité d'approches, quant à la menace qu'il représente. L'Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn sont les pays les plus anti-iraniens de la région ; en revanche, Oman a une attitude plus modérée et médiatrice.

Les deux réactions successives vis-à-vis du printemps arabe ont été la panique puis le renforcement de la cohésion au sein du Conseil de coopération. Pour la première fois, les monarchies se sont unies pour conduire une intervention militaire. Cependant, la situation interne au Conseil de coopération du Golfe n'est pas très claire. On a dit par exemple que l'émir du Koweït n'était pas au courant de la volonté du roi Abdallah d'y intégrer le Maroc et la Jordanie. Tout ce qui se passe à Bahreïn ayant des répercussions en Arabie saoudite, la réaction a été très forte et l'on sent une très grande fébrilité. La réaction a été plus concertée au Yémen. Une solution pacifiée a été trouvée au sein du Conseil qui a eu des répercussions à l'ONU et une solution régionale pourrait émerger au niveau de cette instance multilatérale.

Je suis cependant assez optimiste quant à l'avenir de la coopération régionale. Même si l'intervention à Bahreïn était une réaction de panique, une politique régionale concertée pourrait émerger. Je ne crois pas trop à l'intégration de la Jordanie et du Maroc car la cohésion du Conseil de Coopération du Golfe repose sur six monarchies soudées et cohérentes : par ailleurs, les élites critiquent cette intégration pour ses conséquences économiques. L'emploi des jeunes est une préoccupation majeure, d'autant que la croissance démographique est toujours très forte.

Il me semble que nous sommes au début d'une dynamique, d'un cycle qui pourrait durer dix ans. Plutôt que de parler d'un « printemps arabe », je parlerais plus volontiers d'un « moment arabe ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion