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Intervention de Michel Diefenbacher

Réunion du 26 octobre 2011 à 21h00
Commission élargie : commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire, commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Diefenbacher, président :

Chacun l'aura constaté.

267165M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative. M. Jardé m'a interrogé sur les protocoles dits d'évaluation » à l'école maternelle. Je tiens à préciser à ce sujet que le document qui a été diffusé n'avait pas vocation à l'être : il s'agit d'un document de travail interne au ministère et encore en discussion. Du reste, le terme d'évaluation » n'est pas le vocable qui convient, car il peut entraîner une confusion avec le dispositif qui vaut pour le premier degré, qui vaudra désormais aussi en fin de classe de cinquième et qui concerne la totalité d'une cohorte ; j'y reviendrai. Pour l'école maternelle, il n'est absolument question de cela : il s'agit de repérer les difficultés scolaires – et non pas, j'y insiste, les troubles du comportement. Le document est en cours de réécriture et il sera soumis aux organisations syndicales car nous allons effectivement travailler au repérage précoce des difficultés. Tous les spécialistes du langage indiquent que l'apprentissage de la lecture se joue à la fin de la dernière année d'école maternelle et à l'entrée au cours préparatoire ; nous devons donc repérer les difficultés dès qu'elles apparaissent afin d'apporter aux élèves concernés l'enseignement personnalisé dont ils ont besoin.

Je ne suis pas favorable à la création de structures spéciales pour les enfants intellectuellement précoces. Je considère préférable d'intégrer ces enfants dans les classes « ordinaires » en prévoyant d'enrichir et de personnaliser l'enseignement qui leur est dispensé, en l'accélérant le cas échéant et en leur proposant des options complémentaires.

J'ai abordé la question des RASED dans ma réponse à vos rapporteurs pour avis.

Comme vous l'avez justement indiqué, l'enseignement agricole n'est pas de ma compétence, mais M. Le Maire, ministre de l'agriculture, et moi-même avons souhaité mieux articuler la carte des formations de l'enseignement agricole et de l'enseignement général. Nous avons signé une convention à cette fin le 8 septembre.

Monsieur Schneider, je suis partisan d'une évaluation permanente de notre système éducatif, visant à améliorer ses performances. Je pense avoir été le premier ministre de l'éducation nationale qui ait assumé les conclusions de l'enquête internationale PISA, bien qu'elle n'ait pas été à notre avantage. On nous a expliqué pendant des années que cette enquête, centré sur un enseignement de tradition anglo-saxonne, ne correspondait en rien à notre système éducatif, présenté comme unique au monde. Les enquêtes PISA sont sans doute imparfaites, mais elles permettent de nous comparer.

Aussi avons-nous institué un système d'évaluation qui a une double mission. Parce qu'il permet de mesurer l'évolution des enfants, il permet à l'enseignant d'adapter sa pédagogie si nécessaire. Ces évaluations ont aussi un objectif national, en ce que la remontée des informations donne une photographie instantanée de la performance de notre système éducatif et permet de mesurer son évolution. L'évaluation a lieu à la fin du CE1 et désormais aussi à la fin du CM2 puis, au collège, en fin de classe de cinquième, ce qui permettra, en suivant les cohortes pendant plusieurs années, de disposer d'indications sur l'évolution de la performance nationale de notre système éducatif. On peut ensuite, en ciblant par académie ou par établissement, faire évoluer la pédagogie sur le plan local.

À l'automne 2009, vous avez adopté la loi relative à l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie. La délégation interministérielle à l'orientation coordonne le service public de l'orientation. L'éducation nationale a créé le parcours de découverte des métiers et des formations que j'ai évoqué précédemment. L'accompagnement individuel a été renforcé par le tutorat. Les stages passerelles tendent à reconnaître le droit à l'erreur et à permettre les changements de filières quand ils sont encore possibles, sans que l'élève perde une année. Enfin, la banque nationale des stages créée avec l'Office national d'information sur l'enseignement et les professions (ONISEP) tend à ce que les élèves des filières professionnelles trouvent plus facilement un stage et qu'aucun ne puisse se voir refuser un diplôme faute d'avoir été accueilli en entreprise.

Monsieur Durand, vous m'avez taxé de schizophrénie. Je lis les statistiques objectivement et nous lisons sans doute les mêmes rapports, mais vous les analysez de manière biaisée. Puis-je vous rappeler que les élèves évalués par l'enquête PISA de 2009, nés en 1994, sont entrés à l'école en 1997 où ils ont accompli l'essentiel de leur scolarité jusqu'en 2010 ? Ce sont donc les enfants des réformes engagées au cours de la première moitié des années 1990. J'accepte la critique, mais elle doit être objective. La performance ou plus exactement, si l'on vous en croit, la contre-performance de notre système éducatif, s'explique par l'incapacité qui s'est manifestée à prendre en compte la massification de l'enseignement. On ne peut enseigner pareillement des classes de niveau homogène qui rassemblent 10 % d'une classe d'âge qui est l'élite de la nation et des classes où se retrouvent 80% d'une génération, avec des niveaux absolument hétérogènes. C'est pourtant ce qu'a fait l'éducation nationale pendant 25 ans, continuant de s'organiser de la même manière. Imaginez une entreprise qui vivrait la mondialisation et la chute du Mur de Berlin sans rien remettre en cause de sa structuration...

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