Ce projet de budget, qui affiche une progression apparente de 0,86 %, est en réalité en baisse de 1,75 % quand on tient compte de la prévision d'inflation et du poids des pensions. Le texte confirme la volonté du Gouvernement de supprimer 14 280 postes à la rentrée prochaine, ce qui portera à 69 800 le nombre de suppressions programmées depuis 2007. Les représentants des organisations syndicales que j'ai rencontrés m'ont dit les graves inquiétudes de la profession et le profond malaise qui s'est installé. De nombreux enseignants s'interrogent sur le sens de leur mission et sur l'incroyable déstabilisation provoquée par les réformes successives et l'amputation de leurs moyens. Je ne reviens pas sur l'enquête de l'OCDE qui a démontré que le salaire des enseignants a diminué en France entre 2000 et 2009, ajoutant au manque de reconnaissance ; certains gestes désespérés parlent d'eux-mêmes.
S'agissant du premier degré, comment comptez-vous permettre à l'éducation nationale d'accueillir les 5 300 nouveaux élèves prévus à la rentrée prochaine ? Notre pays sera-t-il toujours au dernier rang pour ce qui concerne le taux d'encadrement ? Continuerez-vous de faire baisser le taux de scolarisation à l'école maternelle, où n'est plus inscrit qu'un enfant sur cinq , contre plus d'un sur trois en 2001 ? Vous féliciterez-vous de la division par treize des crédits pédagogiques pendant le quinquennat, et du fait que 5 000 élèves handicapés se soient trouvés sans accompagnant à la dernière rentrée ?
Pour ce qui est du second degré, comptez-vous aggraver encore les défaillances du dispositif de remplacement des enseignants absents et « rationaliser » toujours plus les moyens en personnel non enseignant ? Quelles mesures vous déciderez-vous à prendre en réaction au rapport sur l'évaluation de la médecine scolaire présenté par la Cour des comptes au Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de notre assemblée, et dans lequel elle évoquait des « déserts médico-scolaires » ?
Dans un courrier adressé aux parlementaires, vous dites souhaiter « redonner à l'école son rôle d'ascenseur social » et vouloir « une évolution d'ensemble de l'institution scolaire ». Or, nous sommes à l'heure du bilan, et le Conseil économique, social et environnemental a révélé que notre système éducatif a cessé, dans la période récente, d'être un facteur de réduction des inégalités, devenant responsable de leur aggravation. Avec le Président de la République, vous avez une part de responsabilité dans cette situation ; c'est pourquoi les députés du groupe GDR voteront résolument contre ce projet de budget.