Le MEDEF appréciera que vous preniez ses avis en compte. Mais la Fédération du bâtiment a confirmé qu'il était plus facile aujourd'hui de trouver sur le territoire les personnes dont elle avait besoin. Pourquoi devrions-nous importer des chômeurs ? Nous avons déjà 2,7 millions de demandeurs d'emploi et, chaque année, 110 000 actifs supplémentaires arrivent sur le marché du travail. Et nous avons les moyens d'ajuster l'offre à la demande : j'ai récemment visité, dans l'Oise, un centre de formation performant, qui faisait la démonstration qu'un demandeur d'emploi pouvait être réorienté vers un autre métier, le maîtriser et redémarrer ainsi dans la vie professionnelle.
S'agissant des étudiants et de la circulaire que j'ai co-signée avec Xavier Bertrand, je veux être très clair. L'arrivée d'étudiants est un élément important de l'immigration légale : cela représente 60 000 autorisations de séjour. La France est fière d'accueillir des étudiants qui viennent se former chez elle, de leur ouvrir l'accès à sa culture. Cela étant, les étudiants doivent étudier. Il n'est pas acceptable que les études fournissent un prétexte pour arriver de façon clandestine sur le marché du travail. Cela nous a conduits – c'est l'objet d'une circulaire conjointe avec le ministre de l'enseignement supérieur et le ministre des affaires étrangères – à rationaliser les relations avec les universités étrangères et à privilégier les formations de niveau supérieur, master ou doctorat. Cette circulaire a été contestée par un certain nombre de directeurs de grandes écoles et de présidents d'université. Il est vrai que des problèmes se sont posés : nous les réglons de façon pragmatique. Et, contrairement à ce que vous tentez de faire croire, il n'y a pas de diminution du nombre de passages du statut d'étudiant à celui de travailleur salarié – ce nombre a augmenté au contraire de 1 500 cette année.
Du reste, la fameuse circulaire ne fait que paraphraser, voire reproduire, une loi de la République datant de 2006, qui dispose que les étudiants étrangers auront le droit, au terme de leurs études, d'avoir un emploi pendant six mois afin de se familiariser avec la pratique professionnelle qui correspond à leur formation, cet emploi pouvant être pérennisé. Pour autant, la France n'entend pas siphonner les élites des pays en voie de développement. Après la polémique que certains ont cru bon de développer, j'ai d'ailleurs reçu un nombre important de messages d'encouragement de la part d'étudiants ou de professionnels étrangers me demandant de tenir bon.
S'agissant du coût de la politique d'éloignement, les deux milliards que vous avez mis en avant n'ont aucun fondement. Le coût réel est de l'ordre de 400 millions.