Le problème des dépassements de devis doit être relativisé. S'agissant du MUCEM, ils sont dus à l'adjonction au projet initial de travaux portant sur le fort Saint-Jean, véritable ruine au coeur même de Marseille, auquel est adossé le musée. Il eût été illogique que le magnifique bâtiment dessiné par Rudy Ricciotti, appelé à rayonner sur toute la Méditerranée, voulu comme un musée braudelien au même titre que le musée des Arts premiers est un musée à la Lévi-Strauss, soit accolé à une friche. Cela aurait plombé l'ensemble du projet.
En outre, le MUCEM est en quelque sorte issu du Musée national des arts et traditions populaires, projet magnifique à l'origine puis mal aimé et, enfin, quasiment abandonné dans un bâtiment dont l'architecture mériterait d'ailleurs d'être réévaluée. Malgré la fermeture du musée, il y a dix ans, les collections, exceptionnelles, ont continué à s'enrichir grâce à la qualité remarquable de son directeur, Michel Collardel.
Le MUCEM ne devait cependant reprendre qu'une petite partie de ces collections, tandis que le reste aurait été stocké dans des réserves à la Friche de la Belle de Mai. C'était une catastrophe ! On ne pouvait revenir sur ce qui avait été décidé des années auparavant. Mais allions-nous laisser disparaître ce patrimoine ? Allions-nous risquer de voir chaque région reprendre tel ou tel objet ? Non, le but était de garder ces collections et d'éviter qu'elles ne soient enfermées dans des réserves. Puisque le MUCEM symbolisait l'ouverture sur la Méditerranée, le fort Saint-Jean pouvait devenir le Musée de la France. En trois ans, nous ferons circuler toutes les collections des ATP stockées dans les réserves de la Belle de Mai.
Cette solution paraît pleinement satisfaisante d'autant que le coût des travaux engagés sur le fort Saint-Jean reste raisonnable. Nous relierons en outre le fort à la ville de Marseille en créant une passerelle supplémentaire qui rejoindra le quartier du Panier.
L'ensemble MUCEM – Fort Saint-Jean deviendra ainsi le plus grand centre d'arts et traditions populaires de toute la Méditerranée. En même temps, ces monuments seront pleinement insérés dans la ville de Marseille. C'est donc un projet structurant d'une exceptionnelle qualité, bref un projet magnifique, pour la capitale européenne de la culture 2013.
J'ai lu avec attention le rapport de la Cour des comptes sur le fonctionnement des musées placés sous la tutelle du ministère. Il comporte certes des éléments intéressants, et on peut toujours réfléchir sur les méthodes de gestion, mais il reste parcellaire. Les musées et les établissements considérés sont en très petit nombre ; le ministre n'a pas été interrogé. Autant dire que les trois heures qui nous sont imparties ce soir ne suffiraient pas à aborder son contenu en détail. Tout ce que je puis vous dire est que pas un sou ne sort du ministère sans que la dépense ait été validée par tous les services concernés – dont les agents servent avec constance l'État et le bien public.