Monsieur l'ambassadeur, je tiens d'abord à vous remercier pour votre présentation à la fois réaliste et enthousiaste. Vous avez parfaitement démontré que les engagements de la France et de l'Union européenne sont marquants sur le plan international et peuvent dessiner les contours d'un modèle de développement de nos productions énergétiques plus équilibré. Preuve est faite que la France, à travers le Grenelle de l'environnement, et l'Europe, moteur du processus de Kyoto, souhaitent réussir leur formidable pari de transition énergétique, mais aussi encourager les autres pays de la communauté internationale à s'engager sur cette voie.
Il ne suffit pas de vouloir nous engager dans une deuxième période d'engagement du Protocole de Kyoto, encore faut-il atteindre nos propres objectifs. Si je ne doute pas du volontarisme de la France en la matière, je n'en dirai pas autant de certains grands pays européens, en particulier de l'Allemagne dont la décision brutale et surprenante de sortir du nucléaire semble inquiétante. Quand j'entends des responsables politiques français déclarer vouloir engager notre pays sur cette voie, voire dans un effort plus ambitieux, j'ai beaucoup de doutes quant à notre capacité de tenir nos objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En sortant du nucléaire, l'Allemagne, où de nouvelles centrales thermiques sont actuellement en cours de construction, ne va-t-elle pas nous empêcher d'atteindre nos objectifs européens ?
Enfin, la communauté internationale – y compris les pays très développés – n'est pas prête à s'engager en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Dans ces conditions, la signature par certains États d'« accords Kyoto II » ne devrait-elle pas aboutir à une forme de fiscalité verte aux frontières, perspective qui inquiète beaucoup la Chine et l'Inde car elle conduirait à réduire leurs exportations, notamment vers le continent européen ? Avez-vous le sentiment que cette piste, régulièrement mise en avant sur le plan international, pourrait utilement compléter les dispositifs actuels et nous permettre de nous engager dans une réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre ?