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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 26 octobre 2011 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix, rapporteur pour avis :

Ma responsabilité était de dire que nous n'aurons pas plus de moyens pour la presse dans les quatre prochaines années qu'actuellement. Nous devons donc parvenir à de meilleurs résultats avec les mêmes aides. Je pars ainsi du principe qu'avec 1,2 milliard d'euros, c'est-à-dire beaucoup plus que dans les autres pays européens, nous devons arriver à des résultats très différents de ceux d'aujourd'hui, à condition toutefois que nous changions les schémas.

J'en viens aux trois exemples qui ont été évoqués. Il n'est effectivement pas normal que la presse nationale reçoive seulement 15 % du total des aides et que la presse récréative en perçoive pour sa part 35 %. Par ailleurs, l'aide à la modernisation correspond à 50 millions d'euros, ce qui n'est pas beaucoup si l'on met cette somme en regard du montant précité d'1,2 milliard d'euros. Il n'est pas normal qu'il n'y ait rien sur la formation et sur la valorisation des contenus en ce qui concerne un certain nombre de journaux.

S'agissant des concentrations, la vérité est que nous ne sommes pas capables de les éviter dans notre pays. Nous devrions les éviter mais nous n'y arrivons pas. La question qui se pose est de savoir s'il peut exister du pluralisme lorsqu'il y a des concentrations. Qui dit pluralisme dit chartes d'éthique et codes de déontologie. Si l'objectif des patrons de presse – qu'il s'agisse par exemple du groupe Hersant en Belgique ou encore du Crédit mutuel –, n'est pas de maintenir le pluralisme, alors il faut leur retirer les aides. Ce faisant je n'attente en rien à leurs droits. Les aides à la presse n'ont pas d'autre sens que d'être des aides à la réflexion pour les personnes qui n'auraient pas les moyens d'acheter les journaux à leur juste prix. Si le travail consistant à éclairer les citoyens lecteurs n'est pas fourni, les aides à la presse n'ont plus lieu d'être.

Mon troisième point concerne le portage. Je suis en accord avec ce qui a été dit par les uns et les autres. En 2009, des sommes considérables ont été octroyées, dont la presse régionale a bénéficié quasi-exclusivement. Nous sommes quelques uns à être intervenus pour dire qu'il fallait donner plus au portage à condition qu'il y ait une mutualisation des réseaux, c'est-à-dire que la presse régionale distribue en même temps des journaux de la presse quotidienne nationale. En effet, le but n'est pas que la presse quotidienne régionale s'en sorte seule avec le portage et que la presse nationale soit oubliée. Heureusement, nous sommes désormais sur la bonne voie. C'est pourquoi il est d'autant plus regrettable que les seules aides qui aient baissé soient celles-là. L'explication donnée par le ministre est qu'on avait beaucoup trop donné il y a deux ans, et que les montants actuels sont plus adaptés. Je prends acte de ce que le ministre reconnaît qu'il y a eu des gâchis épouvantables. Toutefois, à présent que les effets d'aubaine ont été éliminés, je pense que les aides auraient pu être maintenues à leurs niveaux antérieurs.

Pour ce qui est de l'AFP, il est vrai que le sujet est compliqué. La première chose dont il faudrait s'occuper, c'est le conseil d'administration. Le patron et les salariés sont de qualité, mais il n'y a pas de conseil d'administration au milieu. Le conflit entre ce patron de qualité et ce personnel de qualité est ainsi exacerbé. La première réforme à engager consisterait à mettre en place un conseil d'administration qui suscite l'adhésion de tous. Permettez-moi de vous rappeler que l'on était arrivé à un consensus en 1957, à une époque où le ministre en charge était François Mitterrand, le président de l'AFP, M. Jean Marin – un gaulliste, alors que Jacques Chaban-Delmas était également présent. Au lieu de cultiver les antagonismes, cultivons le consensus. Les autres débats sont intéressants, mais secondaires.

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