La tonalité du rapport de notre collègue Martine Martinel m'a un peu surpris. Elle nous a habitués à un jugement pondéré, sensible et fin, or nous nous trouvons là devant des jugements péremptoires, dans un rapport certes intéressant, mais au vitriol sur l'ensemble des questions traitées.
Il en est ainsi de son bilan très négatif de la suppression de la publicité sur les antennes de France Télévisions, jugement que je respecte tout en lui faisant remarquer que les Français, pensent exactement l'inverse. On peut estimer avoir raison contre le peuple, mais un parlementaire doit, me semble-t-il, tenir compte de l'opinion des Français dont beaucoup apprécient que leur soirée télévisuelle débute à 20 heures 35, de disposer d'une deuxième partie de soirée et d'être dispensés des tunnels publicitaires.
Ce jugement n'est pas davantage partagé par un certain nombre d'entre nous, y compris parmi les membres de l'actuelle opposition, chantres en leur temps de la suppression de la publicité, je tiens les citations à votre disposition.
J'ai le même étonnement devant la partie du rapport touchant l'audiovisuel extérieur de la France, qui comporte en outre une séquence « vintage », nous reportant trente ans en arrière au congrès de Valence : « il ne suffit pas de dire que les têtes doivent tomber, il faut dire lesquelles et quand ». Nous avons aujourd'hui la réponse pour M. de Pouzilhac, même si manque pour le moment la date de l'exécution, le rapport se contentant de demander sa révocation. Il ne me semble pas qu'il soit du rôle d'un rapport parlementaire de proposer de telles conclusions. Je crains qu'en l'espèce ne s'applique l'adage : trop de critiques tuent la critique. L'AEF fait l'objet d'une mission d'information, laquelle n'a pas interrompu ses travaux, et de toute notre attention, il mérite mieux qu'un commentaire aussi radical. J'attends des propositions concrètes, par exemple sur le rapprochement entre l'AEF, TV5 Monde et Euronews. Ce rapport sera sans doute une contribution à la réflexion de notre mission à laquelle appartient d'ailleurs Mme Martinel. Si je partage son regret de l'absence de contrat d'objectifs et de moyens et de vision claire de la politique financière, il me semble dommage qu'on préempte ainsi les conclusions à venir de la mission.
Le rapport de M. Michel Françaix est beaucoup plus modéré ; j'en relève en particulier, concernant l'AFP, la dernière phrase, toute de finesse : « En tout état de cause, le rapporteur pour avis estime qu'un éventuel projet de réforme du statut, si tant est que son utilité et sa nécessité soient clairement démontrées, ne doit pas être partisan mais doit résulter, comme le statut de 1957, d'un compromis entre toutes les forces politiques de la Nation. » Nous sommes touts attachés, bien sûr, à ce qu'une réforme, si elle doit se faire, soit consensuelle. Mais peut-il nous dire ce qu'il préconise finalement pour l'AFP ?
Je pense enfin que le portage est une très bonne initiative et je regrette par conséquent que les crédits qui lui sont destinés soient diminués.