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Intervention de Marcel Rogemont

Réunion du 26 octobre 2011 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarcel Rogemont :

Je salue les excellents propos de notre rapporteur. Mais souffrez, chers collègues, que je jette un tout autre regard sur la réalité enchanteresse qu'il nous a dépeint – avec talent !

Je commencerai par la circulaire « Guéant-Bertrand » du 31 mai 2010 qui enjoint aux étudiants étrangers de retourner dans leur pays d'origine dès la fin de leurs études. Ce texte renvoie ainsi l'image – intolérable – d'une France recroquevillée sur elle-même. Encore récemment, deux personnalités de Dakar invitées à un colloque en France n'ont pas pu y participer. Où va-t-on, avec un tel dispositif, qui n'a rien d'anecdotique mais soulève des questions de fond ?

Parlons un peu de l'Institut français. La réorganisation envisagée de notre réseau culturel, sous couvert d'efficacité, conduit à des fermetures de centres ou d'instituts. C'est déjà le cas pour – pratiquement – la moitié de nos centres en Allemagne, et cette vague touche aussi l'Italie, l'Inde et, plus grave encore, l'Afrique francophone. Nous sommes en train de commettre une grave erreur politique !

En matière de réduction des subventions, jusqu'où ira-t-on ? Nos 144 instituts fonctionnent avec des subventions allant de 50 000 à 70 000 euros. À titre de comparaison, je vous indique que les dix-neuf maisons de quartier de Rennes disposent de montants dix fois supérieurs. Ce contexte conduit à s'interroger sur le degré de priorité réellement accordée aux instituts culturels, qu'on veut rapprocher des alliances françaises, et, plus généralement, sur l'efficacité de notre réseau en matière de « rayonnement »…

Dernier point : l'enseignement français à l'étranger et la mesure présidentielle de prise en charge des frais de scolarité. Vos statistiques, monsieur le rapporteur, ne concernent que les années 2007 à 2010. Des dizaines de millions d'euros auront donc été consacrés au financement d'une décision désinvolte et inconséquente, tandis que dans le même temps, des instituts culturels ferment…

Pour conclure mes propos, nous serons tous d'accord pour dire que s'il y a un « marqueur » de notre identité, c'est bien la culture. Mais les choix actuels conduisent non plus à attirer les autres, mais à nous refermer sur nous-mêmes.

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