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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 25 octobre 2011 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix, rapporteur pour avis sur les crédits de la presse :

Monsieur le ministre, vous avez déclaré avec force et détermination que jamais autant d'argent n'avait été consacré à aider la presse. C'est exact. Le problème est qu'en n'ayant jamais bénéficié d'autant d'argent public, la presse ne s'est jamais portée aussi mal. Je n'invente pas le problème de La Tribune, ni celui de France Soir. Vous connaissez mieux que moi les difficultés de L'Indépendant, du Midi Libre, de Centre Presse et de Paris Normandie. Ne peut-on pas dès lors se demander si ces aides sont bien ciblées ? Ne peut-on pas utiliser cet argent de façon plus intelligente ? Pensez-vous que huit magazines télévisés doivent bénéficier de 53 millions d'avantage tarifaire postal, soit plus que le total des aides à la modernisation et à la modernisation sociale de la presse, qui représentent au total 50 millions d'euros ? Est-il normal que la presse magazine récréative, qui se porte bien, bénéficie de 35 % de l'effort public, alors que la presse quotidienne nationale d'information politique générale, qui se porte mal, ne bénéficie que de 15 % du total de la contribution publique ? Est-il acceptable que la presse d'information politique et générale en ligne se voie appliquer un taux de TVA de 19,6 % alors que le magazine Voici bénéficie d'un taux super réduit de 2,1 % ? Est-il normal, alors que nous voulons défendre le portage, et c'est là l'une de vos priorités, que ce dernier ne représente que 19 % de la distribution dans notre pays alors qu'il représente 88 % de la distribution des quotidiens aux Pays-Bas, 60 % en Allemagne et 50 % au Royaume-Uni ? N'y a-t-il pas un très grand décalage entre les intentions affichées et les résultats ?

S'agissant de l'Agence France-Presse (AFP), où en est-on de la clarification des relations financières entre l'État et l'Agence ? On nous avait dit qu'il y avait urgence, qu'il fallait impérativement une loi. Aujourd'hui on n'entend plus rien. Si cette question ne constitue plus un problème absolument urgent, nous ne pouvons que nous en réjouir mais pouvez-vous nous le confirmer ?

Que pensez-vous par ailleurs de la position d'un ministre de la République, en l'occurrence la ministre du budget, qui, pour rejeter notre proposition d'alignement du taux de TVA sur la presse en ligne sur celui de la presse papier, nous affirme que « la presse en ligne n'est pas assimilable à la presse imprimée. Elle ne fonctionne pas de la même façon, c'est un service et pas un bien culturel. » Il va à l'évidence falloir lui faire une petite fiche pour lui expliquer les choses… Elle aurait été en outre bien inspirée de ne pas ajouter, à court d'arguments, que le Gouvernement avait déjà « fait preuve d'une grande bénévolence vis-à-vis de la presse en maintenant et en prorogeant toute une série de niches… ». Si l'on veut chercher des niches, on peut en trouver ailleurs, mais ce n'est pas le débat d'aujourd'hui.

Je souhaiterais que l'on engage une vraie réflexion sur le déclassement social des journalistes, qui, indirectement, a des répercussions sur la qualité des journaux et la diffusion de la presse. C'est pourquoi il serait intéressant que les aides prennent davantage en compte l'amélioration du contenu, la formation des journalistes…

Enfin, quelle est votre position sur les nouveaux producteurs indépendants dans le domaine de l'audiovisuel qui sont de plus en plus nombreux et qui sont tous des amis du pouvoir en place et du Président de la République ? Combien coûte une émission comme Midi en France qui a moins de 200 000 téléspectateurs ? Combien coûte une émission comme Vendredi sur un plateau, qui n'a que 300 000 téléspectateurs ? Le service public doit-il privilégier à ce point les producteurs indépendants ?

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