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Intervention de Gérard Dubois

Réunion du 20 octobre 2011 à 9h00
Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Gérard Dubois, membre de l'Académie nationale de médecine :

Rappelons que sur quatre ou cinq cancers de la prostate dépistés, un seul évolue de façon symptomatique, sans même entraîner nécessairement le décès du patient. Or il n'est pas possible de distinguer aujourd'hui dans les cancers dépistés entre ceux qui évolueront et ceux qui resteront asymptomatiques. Il faut donc éviter le « surdiagnostic » de ces cancers : une fois un cancer dépisté, le patient souffre d'un effet d'étiquetage préjudiciable, même si son cancer n'évolue pas. Pour un sujet âgé de soixante-quatre ans, la probabilité d'avoir un cancer « dans » la prostate – je ne dis pas : un cancer « de » la prostate – s'établit d'ailleurs entre 60 % et 70 % ; mais seuls 3 % des hommes meurent d'un cancer de la prostate, et le fait est connu depuis les années 1930 : c'est pourquoi l'United States preventive Services Task Force recommande de réserver l'examen du dosage de PSA au suivi des cancers connus.

L'idée que plus tôt on découvre une maladie, mieux on la soigne, n'est pas toujours exacte. Elle est pertinente pour les maladies à développement relativement rapide, comme le cancer du col de l'utérus. D'ailleurs, il avait été envisagé de mettre en place un dépistage organisé de ce cancer dans le cadre du fonds national de prévention, d'éducation et d'information sanitaires, mais cela aurait supposé une modification profonde des pratiques de dépistages existantes. En effet, une minorité de femmes bénéficiaient d'un dépistage très intensif, avec des frottis plus fréquents qu'il n'était nécessaire mais pris en charge par l'assurance maladie, tandis que la majorité des femmes n'en bénéficiaient pas. Le projet de dépistage organisé a été retiré pour des motifs politiques.

En revanche, l'idée qu'un dépistage organisé permet le dépistage précoce d'une affection et facilite ainsi son traitement ne se vérifie ni pour les cancers à développement très rapide, comme les cancers du poumon ou du pancréas, ni pour les cancers à développement très lent, comme le cancer de la prostate. Elle vaut pour les cancers dont la vitesse de développement est intermédiaire, comme le cancer du sein.

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