Il est vrai que, depuis peu, nous disposons de ce moyen certes puissant mais limité puisque nous n'avons pas un grand nombre d'informations médicales et que nous ignorons, par exemple, si un diagnostic est réalisé à titre préventif ou curatif. Quoi qu'il en soit, nous travaillons à la coordination de différents moyens avec d'autres acteurs de manière à utiliser une telle base dans le sens des politiques définies par l'État. Ainsi est-il par exemple désormais très facile de repérer le nombre de personnes hypertendues ou victimes d'un infarctus du myocarde de manière à évaluer – peut-être grossièrement dans un premier temps – l'impact des stratégies de prévention sur les pathologies : l'espérance de vie en bonne santé augmente-t-elle ? La morbidité ou la mortalité des grandes pathologies est-elle retardée ou diminuée ? Cette base doit être exploitée au maximum pour répondre à de telles questions et permettre aux décideurs de mieux définir les besoins et les actions de soins. Nous souhaitons donc bénéficier pour ce faire des services d'une petite équipe qui associerait l'ensemble des institutions ayant une responsabilité dans la surveillance du système de soins – Institut de veille sanitaire, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, Haute Autorité de santé – afin que les pouvoirs publics puissent répondre aux besoins nouveaux. En l'occurrence, nous sommes à l'orée d'une nouvelle période. S'il est en effet possible de suivre l'action de santé publique d'un professionnel de soins comme un médecin traitant par exemple – sa patientèle est en effet connue –, il est également possible d'aller plus loin dès lors que les bonnes questions sont posées.
Plus généralement, la prévention constitue une activité beaucoup plus difficile que le soin en raison notamment d'une obligation de résultat – et non d'une obligation de moyens. Si, pour un médicament, des évaluations permettent en effet de déterminer le bénéfice-risque, il n'en va pas de même avec la prévention. De quelle prudence et de quelle rigueur d'exécution faut-il faire preuve dans le lancement de programmes ! On y songe rarement alors qu'en la matière, tout peut recéler un danger, y compris l'éducation à la santé. Souvenons-nous que naguère on recommandait que les nouveau-nés soient couchés sur le ventre pour s'endormir et que l'on a fini par s'apercevoir que cela contribuait à accroître la mort subite du nourrisson ! Rien n'est anodin.
En outre, nos politiques de prévention véhiculent des systèmes de valeur même si l'on ne s'en rend plus compte : un dépistage prénatal, par exemple, peut servir à éliminer une personne ou un être en devenir ; il ne saurait donc être considéré comme neutre.