Madame la présidente, mesdames les ministres, chers collègues, la sécurité sociale constitue le pilier de l'État-providence à la française depuis la Libération, mais le modèle même d'État-providence est aujourd'hui furieusement remis en cause par la crise des dettes souveraines.
Vous me permettrez en ces temps particulièrement troubles de me tourner vers le passé en citant Jacques Chaban-Delmas : « On préfère trop souvent se battre pour des mots plutôt que pour des réalités ; c'est pourquoi nous ne parvenons pas à accomplir les réformes autrement qu'en faisant semblant de faire des révolutions. » Cette phrase date de 1969 et elle ne paraît pourtant pas avoir beaucoup vieilli ; elle nous parle d'une France qui peine à se réformer face aux défis du monde contemporain.
Aujourd'hui, face aux immenses défis que constituent la crise économique et l'effondrement de la parole de l'État face aux marchés, nous ne pouvons plus faire semblant de faire des révolutions. Nous ne pouvons plus nous contenter de mener des demi-réformes et d'avancer avec timidité. Nous ne pouvons plus nous réfugier derrière le mythe du peuple français ingouvernable et frondeur pour éviter l'heure du choix.
Devant les difficultés que nous connaissons, le Gouvernement propose de poursuivre une stratégie de retour à l'équilibre des comptes sociaux. En raison de la baisse des prévisions de croissance et de la hausse de l'inflation en 2011, sa fenêtre de tir est étroite. Pourtant, il présente une série de mesures courageuses, qui vont nous permettre de réduire le déficit du régime général de 40 % par rapport à 2010.
Particulièrement concentré sur les questions de retraites, j'ai pu constater la détermination du Gouvernement à mettre fin au déséquilibre qui frappe l'assurance vieillesse. Là encore, vous avez pris vos responsabilités face aux difficultés engendrées par la crise, et pour l'année 2012, les économies sur l'ensemble des régimes de retraite dépasseront 5 milliards d'euros.
Le Premier président Migaud a reconnu aujourd'hui que cette réforme était nécessaire, et même dit qu'il fallait aller encore beaucoup plus loin.