Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Anny Poursinoff

Réunion du 25 octobre 2011 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2012 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnny Poursinoff :

Le scénario est bien connu : si l'économie française va mal, il faut des coupables, des boucs émissaires.

Or ces derniers sont de plus en plus nombreux : 9,6 % de la population active est au chômage, ce taux passe à 23 % pour les jeunes ; 14 % de la population est contrainte de renoncer à des soins faute de ressources financières et 34 % des étudiants renoncent aux soins pour les mêmes raisons.

Pardonnez-moi cette introduction qui peut heurter les adeptes du politiquement correct, mais la réalité est bien là. La misère et la détresse sociale auxquelles sont confrontés nombre de nos concitoyens ne trompe pas, quoi qu'en dise Mme Pécresse. Votre chasse aux sorcières ne fait pas plus illusion que la méthode Coué par laquelle vous niez les évidences.

Il y a deux poids, deux mesures. D'un côté, la chasse à celles et ceux qui coûteraient cher en profitant outrageusement du système, la chasse aux profiteurs de l'assistanat social. De l'autre, les cadeaux fiscaux aux plus riches. Et ce ne sont pas les annonces cosmétiques de ces derniers jours qui feront oublier les milliards perdus par votre fausse réforme de l'ISF, par la baisse de la TVA sur la restauration, par l'exonération des charges sur les heures supplémentaires. Oui, monsieur Door, vous pouvez rougir.

C'est l'aveuglement avec lequel votre majorité refuse de changer de vision de la société qui est politiquement incorrect.

Quand les délocalisations se multiplient pour flatter les actionnaires, quand le chômage grimpe, quand le nombre des sans-abri explose, quand, avec toujours moins de moyens, les associations de solidarité croulent sous le travail afin de compenser un État déficient, c'est là que la protection sociale est particulièrement sollicitée. C'est là qu'elle doit être exemplaire.

Mesdames et messieurs les députés de la majorité, certains vont reconnaître une façon de parler qu'emploie Mme Pécresse lorsqu'elle s'adresse à nous : en temps de crise, notre système de protection sociale doit être maintenu et même renforcé.

Pour preuve, permettez-moi de revenir brièvement sur l'histoire sociale et économique de notre pays. Au sortir de la Seconde guerre mondiale, face au chaos, il a été décidé de bâtir une société nouvelle.

Au même titre que la construction européenne devait rapprocher les peuples, la solidarité nationale devenait l'un des socles de ce nouveau projet social. C'est une politique économique interventionniste qui a alors été entreprise. Il fallait tout reconstruire. Il fallait unir nos sociétés et ériger un système permettant de réduire autant que possible les inégalités, quelle que soit leur nature.

À cette époque, contrairement à aujourd'hui, le libéralisme économique n'était pas érigé en solution suprême, bien au contraire.

J'espère ne pas déranger Mme Pécresse…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion