L'armée de terre est volontairement restée discrète sur l'action des hélicoptères pendant que se déroulait l'opération Harmattan : il n'est en effet pas d'usage de dévoiler les modes d'action utilisés alors même que l'opération est en cours. Aujourd'hui il est possible de faire une première analyse. La complémentarité entres les différentes armées a été parfaitement adaptée à la situation : lorsque l'arme aérienne a atteint l'ensemble des cibles atteignables, l'adversaire se dispersant, la décision d'employer les hélicoptères de l'armée de terre a été prise. Je salue le courage et l'efficacité des équipages, qui nuit après nuit, ont décollé du BPC et accompli leurs missions.
Au cours d'une quarantaine de raids, représentant 4 000 heures de vol, près de 600 cibles ont été détruites, soit près de 45 % de toutes celles détruites par les moyens français.
Je tiens à vous signaler que l'armée de terre devrait être remboursée à hauteur de dix-huit millions d'euros, soit 5 % du surcoût de l'opération, ce qui donne un bon ratio par rapport aux cibles détruites.
Je voudrais néanmoins insister sur la parfaite complémentarité avec l'armée de l'air et l'aéronavale. Nos hélicoptères agissent près du sol, en coordination avec les troupes au sol. Leur engagement a exactement correspondu avec la reprise des mouvements des forces terrestres du CNT, qui étaient jusque-là bloquées par les blindés et les moyens d'artillerie de l'adversaire, et donc dans l'incapacité de progresser.
Je tiens tout d'abord à vous rassurer sur le LRU. S'agissant du 1er régiment d'artillerie, il est équipé de mortiers de 120 mm, un très bel outil que l'on nous envie et que l'on nous achète. Le 1er RA est donc très sollicité en OPEX et en mission de courte durée. Ce régiment recevra les munitions du LRU courant 2013, son premier lanceur fin 2013, et le premier module opérationnel de quatre lanceurs en 2014. Mais il s'entraîne d'ores et déjà avec les lances roquettes multiples (LRM) et les munitions d'exercice.
Mon but n'était pas de vous inquiéter, je voulais simplement vous signifier que depuis des années, le budget de l'armée de terre est fortement contraint. Plus l'on resserre l'armée de terre sur son coeur de métier, plus les efforts qui lui seront demandés – en effectifs et en budget – toucheront directement la préparation opérationnelle. Je nuancerai toutefois mon propos en rappelant que nous sommes passés d'une logique d'armées juxtaposées à une logique de partenariat interarmées ; ce qui facilite les choses.
Quant aux régiments qui donneraient l'impression d'être oubliés, en particulier ceux équipés du char Leclerc, je dois vous dire que parmi les trois régiments que j'ai d'ores et déjà visités, l'un (le 501e RCC) était un régiment de chars Leclerc. J'y ai croisé des équipages extrêmement motivés, notamment parce que la maîtrise de l'entretien programmé des chars est désormais assurée, et aussi parce qu'ils sont sollicités par des projections avec matériels de substitution. Je peux aussi ici citer le 12e régiment de cuirassiers d'Olivet, qui a joué un rôle majeur dans la résolution de la crise ivoirienne. Je serai néanmoins particulièrement vigilant pour m'assurer que toutes les composantes de l'armée de terre soient également sollicitées en opération.