Je vous rappelle, monsieur le député, que c'est en tant que chercheuse sur les questions de genre que j'ai été invitée, non sur ce qu'il convient de faire. Je vais donc descendre de ma bulle pour vous répondre concrètement. Je suis plutôt favorable à une action radicale et contraignante. Toutes les études empiriques que nous avons réalisées montrent qu'il n'existe pas d'égalité naturelle et qu'à chaque fois que nous avons attendu que les choses s'arrangent à la génération suivante, nous nous sommes trompés. Qu'il s'agisse des inégalités salariales, de la présence des femmes dans les conseils d'administration, du nombre de femmes au Parlement, l'évolution n'est jamais linéaire et nous ne sommes pas à l'abri de légers retours en arrière.
Je suis très favorable à l'objectif de parité qui a été imposé pour assurer la présence de femmes dans les conseils d'administration, mais il faut l'assortir de lourdes sanctions. Vous savez très bien que l'UMP et le PS paient d'importantes sommes d'argent pour s'excuser de ne pas présenter suffisamment de femmes lors des élections nationales – et encore il ne s'agit que de données quantitatives. Mais, curieusement, pour les élections européennes, l'incitation fonctionne. Ce qui prouve qu'une contrainte forte peut inverser la donne.
Il faut imaginer d'autres sanctions que le paiement d'une amende. On sait que le PS paie 800 000 euros, l'UMP 2 millions d'euros. Pour des organisations de cette importance, ce sont des sommes dérisoires ! Il faut, dès les prochaines élections législatives, que les listes qui ne comprennent pas 50 % de femmes ne puissent tout simplement pas être déposées.