Madame la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de la vie associative, je ne mets pas en doute votre connaissance des questions agricoles, mais je regrette d'autant plus l'absence de M. Lemaire que nous n'avons toujours pas obtenu de réponse de sa part au courrier que mes collègues parlementaires de la Dordogne et moi-même lui avons adressé au début de l'été sur le problème de la sécheresse en Dordogne et les conditions dans lesquelles l'équilibre de la trésorerie des agriculteurs concernés pouvait être assuré. Je déplore qu'il soit, une fois de plus, aux abonnés absents.
Le département de la Dordogne a été particulièrement touché par la sécheresse, et ce phénomène est d'autant plus délicat à gérer qu'il affecte des zones bien délimitées. Or la moitié de nos agriculteurs dépendent de l'irrigation pour leur exploitation.
Outre l'insuffisance des précipitations, le développement de surfaces boisées mal entretenues a contribué à retenir d'importantes quantités d'eau. Le problème de l'eau n'est d'ailleurs pas tant celui des volumes globaux que de sa répartition – et cela vaut à l'échelle planétaire comme au niveau local.
Les déclarations du Président de la République sur la réalisation de retenues collinaires ont bien évidemment fortement retenu l'attention du monde agricole. Il faut bien voir que leur création pose de nombreux problèmes. Sur le plan réglementaire, la loi sur l'eau de 2006 est marquée par de multiples difficultés d'application.
Se pose tout d'abord la question des volumes prélevables par bassin : après deux ans de négociations en Dordogne, les incertitudes demeurent, notamment pour ce qui est des cultures céréalières.
Les difficultés sont liées également au montage des dossiers : d'une part, un nombre croissant de territoires sont classés en zone protégée, ce qui empêche les nouveaux aménagements ; d'autre part, les critères de l'Agence de l'eau sont fluctuants et excessifs – je pense à l'obligation de substituer par la constitution de réserves la totalité des prélèvements sur un même bassin versant, assez peu adaptée aux réalités, surtout lorsqu'il y a peu de précipitations en période hivernale.
Difficultés enfin sur les financements. En Dordogne, les projets portent sur 1,35 million d'euros alors que les accords pour 2011 ne sont toujours connus. La proportion des subventions pouvant être réunies a été réduite : on est passé de 80 % à 75 %, voire 70 %. Du point de vue des financeurs, 5 %, ce n'est pas énorme ; mais pour les agriculteurs, compte tenu des sommes qu'ils ont à financer par eux-mêmes, cela représente un écart de l'ordre de 20 %, ce qui est considérable.
Il est très bien d'affirmer de grandes ambitions en matière de stockage de l'eau, mais il faut bien reconnaître aujourd'hui que, malheureusement, les moyens alloués et les possibilités ne sont pas à la hauteur.