Il n'existe à l'heure actuelle aucun risque qui pourrait conduire le Quai d'Orsay à déconseiller de se rendre en Egypte et en Tunisie, madame Fort : si nous voulons aider ces pays, il ne faut certes pas dissuader nos compatriotes de s'y rendre.
Plusieurs d'entre vous ont considéré que la position de la France sur le conflit israélo-palestinien était en recul ; mais dans les pays arabes, cette position ne fait aucun doute ! Chacun a ressenti le discours du Président de la République comme un pas en avant pour les Palestiniens.
Le texte du Quartet, monsieur Garrigue, prévoit en effet que l'abandon de la colonisation est une pré-condition de la reprise des négociations. Nous avons, pour notre part, préconisé que les parties se remettent autour de la table sans pré-condition, même si l'arrêt des colonisations sera alors incontournable.
On ne pourra pas débloquer la situation en adoptant des positions maximalistes. De ce point de vue, nous avons suggéré aux Palestiniens de donner des garanties aux Israéliens en s'engageant à ne pas saisir la Cour pénale internationale pendant des négociations. Si l'on veut atteindre un objectif, il ne faut pas fixer des conditions qui le rendent inaccessible. Le statut d'État observateur est un pas en avant ; il donnera plus de poids au vote palestinien. Cette reconnaissance politique majeure implique aussi que les Palestiniens envoient un certain nombre de signaux positifs.
Dans ces conditions, monsieur Myard, il ne servirait à rien que la France reconnaisse seule l'État palestinien : elle entrerait alors en conflit ouvert avec les États-Unis, dont le Congrès pourrait couper les vivres aux Palestiniens. Mieux vaut, dans une région aussi fragile, garder le sens du compromis et de l'équilibre.
Nous ne demandons pas à M. Abbas de revenir en arrière, monsieur Dufau, mais d'éviter un blocage afin de permettre un pas en avant. La Ligue arabe, par exemple, soutient notre projet de résolution ; si celle-ci était soumise au vote de l'Assemblée générale des Nations Unies, elle le serait par des pays arabes, la Norvège et d'autres pays européens, avec le soutien de la France.
J'ai pressé les autorités bruxelloises, monsieur Plagnol, de mettre en oeuvre le plan européen pour le Sahel : 150 millions d'euros sont prévus en faveur de la Mauritanie, du Niger et du Mali, notamment pour développer la formation. Comme toujours avec l'Union européenne, les décaissements sont très longs. Afin d'accélérer les choses, nous avons nommé un ambassadeur chargé du développement au Sahel.
Le Président de la République lors de la conférence des ambassadeurs a déclaré que les ambitions militaires, nucléaires et balistiques de l'Iran constituent une menace croissante ; le Président de la République a indiqué qu'elles « pourraient aussi conduire à une attaque préventive contre les sites iraniens qui provoquerait une crise majeure dont la France ne veut à aucun prix ». En d'autres termes, monsieur Guillet, le Président de la République n'a jamais préconisé des frappes aériennes contre l'Iran : il veut au contraire les éviter à tout prix, sachant que cette solution pourrait être envisagée par quelques-uns. Notre ligne est de poursuivre les sanctions, qui gênent le régime iranien, ainsi que le processus dit « E 3 + 3 », qui rassemble l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Chine, les États-Unis et la Russie. Nous avons toujours dit à l'Iran que la porte du dialogue restait ouverte.
Notre pays entretient d'excellentes relations avec le Québec, à l'initiative duquel nous avons engagé une action visant à la reconnaissance mutuelle des diplômes. Un grand nombre de conventions ont déjà été signées. Notre coopération s'inscrira également dans le cadre du plan de développement du Grand Nord, qui offrira des opportunités considérables à nos entreprises. Je rappelle par ailleurs que le prochain sommet de la francophonie doit se tenir à Kinshasa l'année prochaine.
L'Algérie, monsieur Guibal, a reconnu le CNT libyen ; les relations entre les deux pays se sont donc améliorées. Nous encourageons la relance de l'Union du Maghreb arabe. Je doute que l'ouverture des marchés nord-européens, dont on parle souvent, soit la seule solution pour les pays du Sud : il faut surtout les encourager à commercer entre eux. La démocratisation de la Libye peut être utile à cet égard ; elle permettra notamment de relancer le « dialogue 5 + 5 » et l'Union du Maghreb arabe.
Devons-nous diaboliser les Frères musulmans ? C'est ce que M. Ben Ali, M. Moubarak et M. el-Assad nous ont toujours incité à faire ; mais rien n'a pu étouffer l'aspiration à la démocratie. Toute la question est donc de savoir si ces mouvements acceptent les règles du jeu démocratique et respectent les droits de l'homme ; il faut assurément dialoguer avec ceux pour qui c'est le cas, et plus généralement développer le dialogue interreligieux avec les pays concernés. Les autorités de la mosquée Al-Azhar en Egypte, par exemple, y sont prêtes. Le plus grand risque serait de refuser le dialogue.