Pendant ce temps-là, Mme la ministre s'évertue à nous expliquer que pas du tout, que nous assistons à un renforcement du pouvoir médical, que les pôles vont vivre une vie tout à fait nouvelle.
Madame la ministre, il nous reste encore beaucoup de sujets à aborder au cours de l'examen de ce projet de loi. Essayez de ne pas trop utiliser le crédit de confiance que nous vous accordons spontanément. À trop défendre de façon contradictoire un certain nombre de dispositions, vous pourriez nous conduire à ne pas vous croire, y compris lorsque vous êtes de bonne foi. Soyez donc économe de vos engagements et de vos discours, et laissez-nous donc discuter du fond du sujet, à savoir la marginalisation du corps médical à l'intérieur d'un hôpital caporalisé dans le cadre d'une logique financière et comptable, puisque c'est ce que vous assumez. C'est au moins ce qui pourra être reçu par ceux qui auront à appliquer votre réforme. Quant à ceux qui ne sont pas d'accord – l'opposition, les professionnels – il leur appartient de vous apporter la contradiction. Et ceux qui ne s'expriment pas aujourd'hui – je ne vise évidemment personne, monsieur Debré – n'auront que leurs yeux pour pleurer demain. C'est cela, la démocratie : vous êtes majoritaires, vous avez une logique et vous l'appliquez. Notre rôle à nous, c'est de dire que notre vision est différente, et c'est de vous interpeller. Mais nous n'avons pas le pouvoir d'arrêter la machine qui est à l'oeuvre aujourd'hui.
Or que constatons-nouss ? Comme il y a eu des avancées en commission, M. Debré manie le futur antérieur d'une façon extraordinaire en déclarant que son amendement a déjà été satisfait alors que la ministre et le rapporteur nous disent qu'il le sera par un amendement qui viendra plus tard. Il y a là, de la part, de M. Debré, une très remarquable capacité à voir l'avenir dans le passé – ou le passé dans l'avenir, je ne sais.
Pour le reste, nous continuons, nous, à dire que l'hôpital n'est pas une entreprise, que la logique qui doit le gouverner n'est pas la maîtrise comptable, que c'est une institution où l'on doit associer des logiques différentes, que l'ensemble des professionnels de santé doivent y être associés, et singulièrement le corps médical.
Je reconnais que ce n'est pas la première fois que nous le disons, mais nous le disons pour exprimer quelle est notre position. Et nous sommes heureux d'entendre M. Bur, le rapporteur, M. Domergue, et d'autres encore, nous dire que nous nous trompons,…