La Direction centrale de la sécurité publique est une branche de la DGPN – Direction générale de la police nationale. La Police nationale comprend des services spécialisés, dont les CRS font partie, et un service généraliste, la sécurité publique, comprenant 66 000 fonctionnaires. Ces hommes et ces femmes assurent la sécurité dans 1 594 villes, ce qui représente à peu près la moitié de la population française. La sécurité publique, c'est encore 62 % du traitement de la délinquance en France. En 2010, cela s'est traduit par 6 800 interventions par jour, soit une intervention toutes les treize secondes.
En termes de sécurité routière, les caractéristiques des zones urbaines sont déterminantes. La ville, c'est la rencontre d'usagers divers : voitures, véhicules utilitaires, camions, deux roues, engins de trottoirs – trottinettes, patins à roulettes, etc. – piétons, les personnes âgées et les très jeunes enfants étant plus particulièrement fragiles. En ville, en outre, l'espace est moins bien défini que sur l'autoroute. Il est surtout moins bien respecté, chacun des usagers ayant tendance à empiéter sur l'espace des autres. Cela va engendrer certains types d'accidents, moins graves cependant que ceux qui surviennent sur la route.
De par son organisation, la ville a un impact très fort sur nos stratégies et tactiques d'intervention. Il faut prendre en compte les grands axes pénétrant dans la ville – rocades, autoroutes urbaines – et qui ont quasiment la même configuration que la route hors la ville. Nous pouvons mettre en place des contrôles puis prévoir des interceptions sur ces flux dont les automobilistes sont un peu prisonniers.
En zone urbaine, en revanche, de par le réseau des voies, nous ne sommes jamais sûrs de la permanence des flux, même s'ils sont à peu près fixes à certaines heures. La ville permet donc aux automobilistes les plus récalcitrants de mieux nous repérer et de nous éviter. La stratégie consistant à mettre en place des points de contrôle lourds et durables en zones très urbanisées est donc vouée à l'échec. Il faut mettre en place des mini voire des micro-contrôles, extrêmement légers, souples et faciles à déplacer. Surtout, il faut faire de la sécurité routière une mission transversale : chacun des 66 000 policiers de la sécurité publique doit se sentir investi de cette mission et doit être à même, en permanence, de contrôler et de relever une infraction. Cela explique notre volonté d'équiper un maximum de patrouilles d'éthylotests.
S'agissant de la circulation des cyclistes à contresens, on peut se demander si cette mesure n'est pas de nature à compliquer encore la lecture de l'espace urbain pour les uns et pour les autres. Je pense notamment aux piétons, surtout lorsqu'ils sont âgés.
Les effectifs consacrés par la sécurité publique à la sécurité routière sont relativement limités concernant les services spécialisés. Nous disposons au niveau national de 250 unités pour les brigades des accidents et des délits routiers, chargées de travailler sur le plan judiciaire. Rappelons que, depuis le début de l'année, nous avons enregistré 105 697 délits routiers, ce qui n'est pas insignifiant.