La distance entre le domicile et le travail a été doublée depuis 1975, et le budget transport des ménages a été multiplié par cinq depuis les années soixante. Aujourd'hui, c'est le poste le plus important devant l'alimentation.
Un salarié qui utilise chaque jour son véhicule pour se rendre sur son lieu de travail situé à trente kilomètres de son habitation dépense 6 000 euros par an, soit 500 euros par mois – sur un SMIC, c'est extrêmement lourd ! –, alors qu'un abonnement annuel en bus coûte en moyenne 300 euros.
Le diagnostic est aujourd'hui partagé par nos concitoyens, qui sont prêts à changer leurs habitudes. Ils sont conscients des enjeux à la fois écologiques et économiques. Il faut donc leur proposer une offre alternative, en ville et en périphérie, à la hauteur des besoins : comment se déplacer des périphéries vers les centres, comment aller de banlieue à banlieue – ce qui représente 70 % des déplacements en Île-de-France –, comment se déplacer tôt le matin ou tard le soir, se rendre à la crèche, à la sortie de l'école, faire des courses, rentrer chez soi ? Les millions de femmes – et d'hommes, même s'ils sont moins nombreux dans ce cas – contraintes à ces itinéraires quotidiens représentent pourtant déjà plus des deux tiers des usagers des bus.
Pour changer de comportement, il faut une offre pratique, lisible, facile d'accès, à coût attractif, ce qui exige une forte volonté politique, les transports nécessitant des infrastructures, du matériel et du personnel, donc des investissements lourds. Les discours ne suffiront pas !
Je voudrais prendre un exemple précis. La plus grande réussite de ces vingt-cinq dernières années dans les villes est la mise en place des sites propres, Tramways ou VAL, qui ont été les seuls capables de faire stagner ou diminuer la part de la voiture dans les déplacements quotidiens. Il faut savoir qu'un tramway émet 7 kilogrammes de CO2 par kilomètre parcouru, contre 100 pour une voiture.
Or rappelons la situation du financement des transports en commun en site propre, les TCSP. Une circulaire de juillet 2001 avait fixé à 650 millions d'euros la participation de l'État pour accompagner les projets des collectivités. De 2003 à 2006, la suppression des crédits avait soulevé un tel tollé que le Gouvernement avait dû rétablir, mais partiellement seulement, les subventions en les prélevant sur l'Agence de financement des infrastructures de transport de France, l'AFITF, dont chacun sait aujourd'hui les craintes qui pèsent sur la pérennité de ses crédits.
Or avec le Grenelle de l'environnement, les transports en site propre ont à nouveau le vent en poupe. L'annonce de 1 500 kilomètres de lignes de tramways et de bus protégées dans les dix ans à venir devrait s'ajouter aux 329 kilomètres existants. Le coût estimé est de 17 milliards. Si l'État faisait un effort conforme à la circulaire de 2001, il devrait inscrire 4 milliards. Or rien n'apparaît dans ce projet de budget pour 2008. Les mesures du « paquet fiscal » prises en juillet dernier suffiraient à financer l'ensemble des projets en site propre pendant sept ans !