Au début, nous étions favorables à la signalisation, parce que le but était de faire changer les comportements. Les gens doivent s'habituer. De la même façon, je préférerais un Lavia informatif, voire intrusif – qui bippe lorsqu'on dépasse la vitesse limite – plutôt qu'automatique. Parce qu'il faudra un jour dépasser l'étape où l'on avertit les gens qu'il y a un gendarme tout près ! Placer le panneau n'importe où sur une distance de deux kilomètres plutôt que systématiquement à quatre cents mètres avant le radar serait une bonne façon de gérer l'évolution vers plus de rigueur. Les radars pédagogiques n'ont été qu'une façon de se sortir d'un mauvais pas. Nous ne sommes pas contre, mais à terme, il faudra un retrait des panneaux. Nous ne le demandions pas aujourd'hui, et n'avons pas été consultés. Comme nous avons toujours soutenu, de façon globale, la politique mise en oeuvre depuis 2002, nous n'avons pas voulu nous insurger comme l'ont fait certains, mais l'affaire a été mal menée. Dans ce domaine, le brouillage du message a été incontestable.
L'autre grande cause d'accidents est évidemment l'alcool. Et là, il est clair que les alcooliers ne jouent pas le jeu. Il y a des étudiants qui partent en week-end avec des coffrets d'apéritifs pour chaque soir, des distributions gratuites, alors qu'elles sont en fait interdites… Ce n'est pas seulement la sécurité routière, mais aussi la santé publique qui est en cause. Le problème relève moins de la loi que de son application. Nous nous sommes, par exemple, beaucoup battus pour qu'il y ait des éthylomètres dans toutes les discothèques. Mais lorsque M. Novelli, secrétaire d'État au commerce extérieur, a, par mesure d'harmonisation, reculé les heures de fermeture de ces établissements, les gens de la sécurité routière l'ont découvert dans le Journal officiel ! Si la sécurité routière était véritablement une priorité, les auteurs du décret les auraient consultés… Il y a dans ce domaine des intérêts économiques qui s'opposent fortement aux objectifs de la sécurité routière, et probablement aussi de la santé publique.
Nous nous sommes aussi beaucoup mobilisés sur les éthylotests antidémarrage, et permettez-moi de dire que nous avons fait un bon travail. Le décret d'application est paru la semaine dernière. Nous avons mené une expérimentation en Haute-Savoie depuis 2005 et constaté, comme à l'étranger, une réduction du taux de récidive de 60 à 90 % de la conduite en état d'alcoolémie, à condition de coupler la mesure avec un accompagnement et un suivi médical en cas d'addiction. Nous avons donc fait du lobbying lors de l'élaboration de la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, et nous nous occupons maintenant de la mise en oeuvre des mesures d'application. L'avantage est de réduire le risque tout en permettant aux personnes concernées de continuer à conduire, ce qui est déterminant sur le plan économique et social.