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Intervention de Jean-Luc Nevache

Réunion du 13 septembre 2011 à 10h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Jean-Luc Nevache, délégué interministériel à la sécurité routière :

Je proposerai deux explications, au demeurant partielles.

En premier lieu, en dépit de tous nos efforts de pédagogie, nous ne sommes pas parvenus à convaincre que la vitesse était un déterminant fondamental de la sécurité routière.

En effet, on confond cause et déterminant. La vitesse excessive est de moins en moins une cause directe d'accidents – les très grands excès ne comptent plus que pour 0,07 %. En revanche, dès lors qu'un conducteur dépasse de dix kilomètres-heure la vitesse qu'il devrait respecter, la gravité de tout accident se trouve accrue. Les très bons résultats des dix dernières années sont liés à la diminution de la vitesse moyenne. Il faut donc à la fois éliminer les excès de vitesse, notamment les grands excès, et continuer de réduire cette vitesse moyenne, pour diminuer la gravité moyenne des accidents.

Or nous avons du mal à faire admettre cette corrélation. On entend en permanence soutenir qu'une vitesse comprise entre 51 et 53 kmh, en ville, ne serait pas dangereuse. Or, outre que 51 kmh sur un procès-verbal correspondent, comme vous le savez, à une vitesse réelle de 56 ou 57 kmh, il faut savoir qu'un piéton heurté à 50 kmh survivra, mais qu'il mourra s'il l'est à 60 kmh. Cela fait une grande différence ! Il nous faut donc intensifier l'effort de pédagogie sur ce sujet des « petites » vitesses.

En second lieu, les Français ont peut-être eu le sentiment d'une distorsion entre l'attention portée à la vitesse et celle qui a été consacrée à la répression de l'alcoolémie.

En trois ans, le nombre de contrôles d'alcoolémie est passé de 9,5 à 11 millions et celui des dépistages positifs a franchi la barre des 100 000, puis des 110 000 et, enfin, des 120 000. La pression est donc réelle, mais, je le répète, elle n'est pas perçue car ces contrôles sont effectués à des moments où la plupart de nos concitoyens ne circulent pas. Combien en ai-je rencontré qui m'ont dit n'avoir pas eu à souffler dans un ballon depuis dix ans ! Mais un journaliste qui était dans ce cas m'a déclaré récemment : « Maintenant que ma fille sort le samedi soir et que je vais la chercher à la porte de la discothèque, j'ai été contrôlé trois fois en deux mois. » Reste que s'est installée chez beaucoup l'idée d'une différence de traitement entre ceux qui n'ont pas le sentiment d'être dangereux quand ils dépassent de quelques kilomètres-heure la vitesse autorisée, c'est-à-dire bien souvent eux-mêmes, et les autres personnes, qu'ils jugent au contraire très dangereuses car alcoolisées et, au fond, insuffisamment contrôlées.

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