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Intervention de Jean-Luc Nevache

Réunion du 13 septembre 2011 à 10h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Jean-Luc Nevache, délégué interministériel à la sécurité routière :

Même s'ils se sont améliorés depuis, les mauvais résultats du début de l'année ont confirmé que la baisse de l'accidentalité et de la mortalité sur les routes n'était pas une évolution acquise, comme pouvaient le laisser croire les progrès enregistrés depuis le début des années 2000. Ces progrès nécessitent un travail permanent.

Plusieurs éléments jouent contre nous, et d'abord le développement de formes de mobilité qui exposent aux risques les plus graves. En 2010, les collisions entre motos et automobiles ont provoqué la mort de 288 motards et de cinq automobilistes seulement ; les collisions entre vélos et automobiles celle de 66 cyclistes mais aucune d'automobiliste. On le voit : l'amélioration de la sécurité routière requiert des efforts pour un meilleur partage de la route avec les usagers les plus vulnérables, dont le nombre va continuer de croître.

Ensuite, bien que la consommation d'alcool soit en constante diminution dans notre pays, la part qu'elle tient dans les causes d'accidents ne se réduit pas. La moitié des accidents mortels s'explique par des taux d'alcoolémie dépassant 1,5 gramme par litre de sang ! Nous avons affaire là, d'une part, à des récidivistes, pour lesquels l'éthylotest anti-démarrage (EAD) est probablement une solution très prometteuse – un premier décret vient d'être publié sur le sujet – et, d'autre part, à des personnes qui ne sont coupables que d'un écart ponctuel et qui relèveraient plutôt de procédures d'autocontrôle.

La plupart de nos concitoyens sous-estiment le nombre des contrôles d'alcoolémie effectués par les forces de l'ordre, parce que ces opérations sont concentrées sur des périodes à risque pendant lesquelles eux ne circulent pas : les vendredis et samedis dans la nuit. Il n'empêche, ce nombre est élevé : quelque 11 millions par an. Pour autant, je crois qu'il y a place pour l'autocontrôle, et l'obligation faite aux discothèques de proposer des éthylomètres à leurs clients est probablement le type d'action qui mérite d'être généralisé.

Autre sujet de préoccupation : les deux-roues motorisés, qui comptent pour 2 % dans la circulation mais sont impliqués dans 26 % des accidents mortels. Cette situation est inacceptable, d'autant que la moitié des conducteurs de ces deux-roues n'étaient pas responsables de l'accident dans lequel ils ont perdu la vie. La baisse relativement forte de ces accidents, enregistrée en 2010 par rapport à 2009, le prouve : il est possible de parer à la vulnérabilité de ces usagers en conjuguant incitation, prévention et répression – mais, pour cela, il faut en finir avec les procès d'intention.

Nous nous inquiétons également de ce que j'appellerai les « distracteurs » : téléphoner au volant multiplie le risque par trois, envoyer un SMS le multiplie par vingt – et je ne parle pas du visionnage de films ! Or, les mesures que l'on pourrait prendre en la matière se heurtent à un problème d'acceptabilité sociale. D'autre part, s'il est acquis que 10 % des accidents corporels sont liés à l'usage du téléphone au volant, on ne sait quelle est la proportion d'accidents mortels dans ce cas – même s'il est probable qu'elle est plus faible en ville qu'en rase campagne, en raison d'une moindre vitesse. Des études s'imposent donc sur le sujet.

Dernier sujet de préoccupation : les seniors piétons. Contrairement à une idée reçue, les conducteurs âgés et même très âgés adaptent leur comportement à leurs capacités et on ne constate donc pas de sur-accidentalité dans cette population. En revanche, surtout au-delà de soixante-quinze ans, ces personnes deviennent très vulnérables quand elles marchent dans la rue. En effet, elles ne respectent probablement pas plus que les autres l'obligation de traverser dans les passages cloutés ou d'attendre que le feu soit au rouge pour les automobilistes, mais elles sont un peu moins rapides que vous et moi. Or les automobilistes ne les identifient pas nécessairement comme des personnes dont la mobilité est amoindrie, de sorte qu'ils n'estiment pas correctement le temps qu'il leur faudra pour traverser la chaussée… Cette population âgée étant appelée à croître, voilà une cause qui doit nous mobiliser.

Pour notre communication, nous avons fait le choix d'une nouvelle agence à la suite d'un appel d'offres. Une première campagne, au mois de novembre, sera axée sur l'alcool ; une autre, au début de l'année prochaine, visera à une remobilisation générale. Nous avons également arrêté un plan en vue d'être présents dans l'ensemble des médias. Avec la nouvelle agence, nous allons faire porter notre effort sur les réseaux sociaux pour avoir davantage accès aux jeunes et aux conducteurs de deux-roues, que les campagnes médiatiques ordinaires touchent moins que le reste de la population. Nous allons ainsi ouvrir un compte Twitter et un compte Facebook. Cette stratégie a d'ailleurs déjà inspiré la réalisation, par la délégation interministérielle, du film « Insoutenable », diffusé sur Internet. Beaucoup d'internautes l'ont vu et nous envisageons de répéter l'opération à la télévision, probablement au prix d'une adaptation, afin de rendre ces images moins choquantes pour le grand public tout en leur conservant leur force de persuasion.

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