Les exigences abusives sont le fait d'entreprises dont la direction ne s'est pas engagée en matière de sécurité routière, dans lesquelles les cadres ne se sentent pas concernés par la question et les salariés n'osent pas dire non de peur d'être mal vus. Actuellement, à Tours, nous menons une campagne de formation, pour toute la région Centre, d'une journée par an auprès de 700 personnes de l'industrie gazière. Malheureusement, comme cette formation entre dans le plan de formation du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), elle n'est pas fiscalement déductible.
Il faut également accélérer la mise en place des législations européennes, s'agissant notamment de la création dans les pays de l'Union n'en disposant pas encore du permis C1 pour conduire des poids lourds légers, ce qui permettrait de soulager le recours aux véhicules utilitaires légers. Des professionnels, notamment les paysagistes, nous le demandent parce qu'ils ne peuvent travailler qu'en recourant à un véhicule dont la charge est supérieure à 3,5 tonnes.
La conjoncture est favorable car, après la CNAM et la Mutualité sociale agricole, les collectivités territoriales mettent en place leur dispositif dans le cadre du Fonds national de prévention. Le public est réceptif, l'État agit. Nous aidons à titre expérimental un département de la région Rhône-Alpes à monter son premier plan de prévention au risque routier avec la direction départementale du territoire. Les chartes professionnelles permettent de toucher les cibles que M. Stéphane Pénet a évoquées. Toutefois, ces mesures ont à la fois besoin d'être mieux connues et mieux accompagnées pour développer leurs effets vertueux.
C'est ainsi que, s'agissant des accidents liés à l'alcool, les statistiques en milieu professionnel sont de 2,5 à 4 fois inférieures à la moyenne nationale. Il est important de réaliser un effort sur le risque routier professionnel car il aura des effets bénéfiques sur la sphère publique, notamment au travers du risque-trajet (20 millions de salariés empruntent leur véhicule pour se rendre à leur travail). Un tel effort sera plus efficace qu'une campagne publicitaire à la télévision, coûtant entre 30 et 40 millions d'euros, pour convaincre globalement, et de façon non ciblée, en gros 40 millions de personnes (tous ceux qui utilisent une automobile). Grâce à l'effet d'entraînement, il serait plus efficace de prendre appui sur les milieux professionnels, qui ont déjà réalisé des progrès et qui pourraient en réaliser davantage encore si on leur en donnait les moyens.