Pour dire quelle réduction du nombre d'accidents on peut attendre de l'installation de mille radars fixes en un an, je soulignerai en premier lieu que ces appareils ont trois effets : un effet direct, un effet dit « de halo » et un effet politique. L'effet direct, c'est un impact immédiat dans la zone couverte par le radar, qui se traduit par la réduction de la vitesse et une conduite plus vigilante entre le panneau d'annonce de l'appareil et l'appareil lui-même ; c'est pourquoi les radars ont été installés dans les zones qui présentent le plus de risques. Cet impact est reflété dans les statistiques.
L'effet de halo, c'est qu'après avoir croisé un radar, l'automobiliste garde un comportement respectueux des règles de vitesse, et que, quand il connaît la présence d'un radar en un certain lieu, il anticipe ce comportement vertueux. Il en résulte une réduction des accidents sur quelques kilomètres autour des radars.
L'effet politique, enfin, est celui qu'évoquait M. Lassarre et qui a été observé dès 2002 : la diffusion de l'observation que la politique de sécurité routière allait être très sévère a fait que l'on est passé de quelque 105 000 accidents de la route par an jusqu'en 2002 à 85 000 en 2004. Cette baisse très brutale a eu lieu alors même que très peu de radars avaient été installés.
Selon l'étude que nous avons menée, le nombre d'accidents de la route chute de 50% pendant les six mois qui suivent l'installation d'un radar dans une commune donnée, comparée à une commune où aucun radar n'a été installé ; c'est une diminution remarquable du taux d'accidentalité. Toutefois, au-delà de six mois, la différence entre les communes considérées n'est plus que de 15 à 20 % : l'accoutumance fait que la vigilance des conducteurs ne s'exerce plus que là où se trouve le radar : l'effet direct persiste mais non l'effet de halo.
On conclura de cette étude que l'installation de mille radars fixes entraînera la diminution de moitié du nombre d'accidents dans les zones couvertes et que l'efficacité du dispositif, tout en demeurant, s'amoindrira avec le temps. L'installation de 1 000 nouveaux radars ne suffira donc pas à répéter le très fort impact constaté entre 2002 et 2004, sauf changement radical de technologie ou de politique. On peut penser, par exemple, que, si l'on cesse de signaler la présence des radars, les conducteurs exerceront une vigilance accrue, et que le taux d'accidentalité en sera fortement diminué sur l'ensemble du territoire.