J'irai dans le même sens.
Il y a deux ans, lorsque j'ai rencontré le vice-Premier ministre du gouvernement grec, qui venait d'être désigné par la nouvelle assemblée, il m'avait dit : « Nous sommes tombés dans un trou noir. » Depuis, la situation s'est aggravée. La Grèce est traitée comme le serait une personne endettée à qui ses créanciers font payer, de plus en plus, une prime de risque, en augmentant à chaque échéance le coût du crédit. Les réformes qui lui sont demandées aujourd'hui ne peuvent produire immédiatement des effets – en tout cas pas les effets souhaités. On peut aussi noter que ce qui a été prêté a aussi servi à acheter, en Europe.
Malheureusement, le plan qui est aujourd'hui proposé est un plan à court terme. En juillet dernier, j'étais en Grèce. Le plan a été perçu comme une bouffée d'oxygène, à la fois par le Gouvernement et par l'ensemble du peuple. Aujourd'hui, il n'est déjà plus suffisant. Certaines agences de notation menacent même de ranger en catégorie spéculative d'éventuelles obligations communes européennes, garanties par l'ensemble des pays de la zone.
C'est donc un problème que l'on peut dire systémique. Il affecte toute l'Union, il exige une solution durable et à grande échelle, mais il ne reçoit qu'un traitement d'appoint.
D'autres mesures auraient été nécessaires, et le restent. Comme le dit Jacques Delors, il faut aller vers un système interétatique de gestion de la dette des États, un système plus grand, plus fort que les marchés. La dette pourrait aussi être gérée de façon mutualisée, comme vient de le dire Pierre-Alain Muet : une partie de la dette ferait l'objet d'émissions d'obligations européennes, ce qui soustrairait la dette à la spéculation mais pas au remboursement. C'est important.
Parallèlement, la BCE pourrait aussi financer des investissements d'avenir. Aucun investissement n'est prévu à ce jour. Des fonds européens structurels pourraient être calibrés pour aider les États en difficulté et assurer un minimum de croissance. Au-delà des restrictions, c'est l'absence de mesures pour l'avenir qui inquiète le peuple grec. Si l'on n'investit plus, on ne prépare plus l'avenir.
Malheureusement, toutes ces mesures ne figurent pas dans votre plan, ni dans les engagements pris par les dirigeants européens. Nous ne pouvons que le regretter. C'est pour cette raison que nous nous abstiendrons.