Monsieur le ministre, tout à l'heure, votre collègue, Mme Pécresse, ne m'a pas répondu sur le prélèvement destiné à financer les crédits de l'indemnisation des victimes des persécutions antisémites durant la dernière guerre. Elle a botté en touche, ou plutôt elle a ignoré la question. Ce n'est pas convenable. C'est un sujet trop grave, symboliquement, pour qu'on le balaie d'un revers de main.
J'en viens à cet article 2. « L'austérité mène au désastre. L'Europe a besoin de solidarité et d'empathie, pas d'une austérité qui va faire bondir le chômage et amener la dépression. » Cette phrase du prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz est valable à Rome, à Paris, à Madrid, à Lisbonne, à Dublin comme à Athènes.
À qui profite ce que vous appelez une « aide à la Grèce » ? Sûrement pas au peuple hellène, auquel nous devons tant et qui crie famine, mais bien aux banques qui s'engraissent avec des taux d'intérêts supérieurs à 15 %. Et même, très supérieurs. D'après les chiffres qui étaient annoncés hier, on est autour de 50 %, sans compter ce que vient de dire notre collègue Henri Emmanuelli.
Hier, monsieur Baroin, vous nous parliez dans l'hémicycle de « solidarité avec le peuple grec ». Nous avons des échos du débat au Parlement grec. À l'évidence, une partie des Grecs ne veulent pas de votre solidarité au tarif où vous la facturez. Et M. Papandréou ne parle pas au nom de tout le peuple grec. Votre « solidarité », c'est celle d'une récession de 5 %, d'une baisse des salaires généralisée de 15 %, de la vente des services publics et du patrimoine. Les Allemands avaient même proposé que les Grecs vendent leurs îles. Venant d'eux, c'était particulièrement indigne, alors qu'ils n'ont pas réglé leur dette de sang de la Seconde Guerre mondiale.
Une vraie solidarité avec le peuple grec consisterait : à autoriser la BCE à financer directement les États pour sortir de l'oppressante étreinte des marchés financiers ; à restructurer massivement la dette grecque, dans des conditions banales ; à constituer une agence publique de notation, dont les critères de fonctionnement soient transparents et qui soit caractérisée par un pluralisme idéologique. Enfin, il faut interdire à nos banques françaises de spéculer sur la dette grecque. Il est inconcevable que la BNP possède 5 milliards d'euros de dette grecque, la Société générale 2,5 milliards, et même que la Banque postale se voie contrainte de provisionner 158 millions d'euros de pertes dans ses comptes en raison d'investissements spéculatifs hasardeux. Tout cela contribue à mettre le peuple grec à genoux.