Monsieur le président, si vous permettez, vous confondez vitesse et précipitation. Je comprends que vous vouliez aller vite, mais vous voyez bien que vous faites le jeu du ministre qui ne veut pas répondre sur tout. Or tout le monde a dénoncé les marges excessives des banquiers. Nous faisons la preuve que, malgré la situation de crise, jamais ils n'ont gagné autant, puisque les profits ont encore augmenté par rapport à l'année dernière. Plus ça va mal pour les autres, plus les moutons sont tondus avec efficacité !
Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, vous contribuez vous-même à encourager de nouvelles ruptures dans le fonctionnement du système financier et bancaire. Les banques versent chaque année des sommes faramineuses à leurs meilleurs mercenaires, les fameux traders. Ces personnes sont payées chaque jour pour spéculer, comme on joue au Monopoly. J'ai récemment visité une salle de marché avec des collègues de la commission des finances : nous avons eu l'impression d'être dans une sorte de casino où l'on joue, en famille, au jeu de Monopoly. Ils y prennent même un certain plaisir. Mme Bachelot n'est plus là, mais je pense que c'est une forme d'addiction qui devrait être soignée. Le problème, c'est que ce jeu entraîne des dégâts qui ne sont pas supportés par ceux qui jouent, mais par ceux qui ont confié leurs intérêts à ces banques. Ces jeux débouchent sur la dette des États européens, sur les plans de licenciement annoncés dans les entreprises ou sur l'envol du cours des matières premières.
En 2010, ce sont 3 milliards d'euros qui ont été attribués à ces vautours de la finance, selon le rapport de Michel Camdessus – lequel n'a certes pas employé l'expression « vautour de la finance », mais a dénoncé cette situation. Pour que cessent ces pratiques, nous vous proposons de créer une taxe d'un montant de 50 % reposant sur le total des bonus versés aux traders.
(L'amendement n° 160 , repoussé par la commission et le Gouvernement, n'est pas adopté.)