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Intervention de Jean-Pascal Assailly

Réunion du 6 septembre 2011 à 9h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Jean-Pascal Assailly, chargé de recherche au laboratoire de psychologie de la conduite à l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux, IFSTTAR :

La plupart des conducteurs qui se tuent au volant sont titulaires du permis, ce qui prouve que la formation et l'examen ne sont pas suffisamment protecteurs. On peut être capable de maîtriser un véhicule sans pour autant s'abstenir de comportements dangereux ou transgressifs qui incitent à prendre des risques. Il est donc nécessaire d'agir au niveau de l'éducation nationale, avant la formation de vingt heures, ou après celle-ci, en post-permis.

Une étude menée sur le plan européen, puisque l'approche scientifique ne se cantonne pas au niveau national, a permis de développer un outil : la matrice GDE (Goals of Driver Education, objectifs de l'éducation du conducteur). Celle-ci détermine la manière dont s'organisent, dans la conduite, la performance et la motivation des conducteurs qui sortent de l'auto-école. Aucun d'eux n'ignore qu'il faut s'abstenir de boire, de fumer du cannabis, de rouler vite ou de téléphoner au volant, mais tous ne sont pas motivés pour respecter ces consignes, et leur motivation pèse lourdement sur leur performance.

À l'auto-école, on apprend au conducteur à effectuer les manoeuvres, mais on doit aussi insister sur la compréhension des scénarios d'accident, des trajectoires, des intentions des autres usagers et sur le champ de la motivation. Ce domaine, évoqué tant à l'auto-école que dans le cadre de l'éducation à la sécurité routière dispensée par l'éducation nationale, met en jeu le rapport à la voiture, au développement durable, à la consommation d'alcool et de cannabis, tout comme la peur, l'émotion, le respect des règles, la relation à autrui, les influences générationnelles, puisque tout jeune conducteur est influencé par la manière dont conduisent ses parents et par les pressions sociétales comme la publicité ou les lobbys. Pour des raisons économiques ou liées à la formation des formateurs, l'auto-école ne prend pas suffisamment en compte ces motivations qui sont au coeur du comportement dangereux.

Pour améliorer la formation initiale, l'auto-école doit travailler davantage sur les aspects affectifs qui déterminent attitudes, valeurs et représentations. Il faut aussi agir en amont, dans le cadre de l'enseignement, pour les quinze-dix-huit ans. Il est regrettable que le continuum éducatif s'interrompe entre quinze et vingt-cinq ans, c'est-à-dire précisément à l'âge où l'on se tue le plus sur la route. Enfin, pour améliorer ce qui n'a pas été acquis à l'auto-école, on pourrait imposer une formation post-permis, sans toutefois que le conducteur risque de se voir retirer le permis. Les problèmes économiques que poserait cette mesure pourraient sans doute être surmontés.

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