En ce qui concerne l'institution d'une évaluation obligatoire à partir d'un certain âge, d'un point de vue scientifique, l'efficacité de ce type de mesure n'a jamais pu être démontrée. Certains pays organisés en fédération, comme l'Australie ou les États-Unis, laissent aux États une autonomie de décision et de gestion en matière de sécurité routière, ce qui a permis d'effectuer des comparaisons entre les États organisant un screening régulier à partir d'un âge déterminé et les autres. Or, les données d'accidentologie montrent que c'est plutôt dans les États qui n'ont pas prévu de contrôle que l'on observe le moins d'accidents au sein de la population concernée. Faute de justification scientifique, il est donc difficile d'apporter une réponse claire en ce domaine.
À propos du réseau belge du CARA, j'ai noté les différentes étapes des évaluations auxquelles il procède. Lorsqu'une personne se rend dans un de ces centres, elle remplit d'abord un questionnaire d'ordre général, puis elle a un entretien avec un psychologue. Elle se soumet ensuite à des tests neuropsychologiques, à des tests visuo-attentionnels et à des tests de vision, avant d'effectuer un test de conduite sur route, dont la première partie se déroule dans une zone fermée à la circulation. Dans certains cas – notamment lorsque l'on soupçonne que la personne ne serait pas en mesure de faire face à une situation extrême –, on procède à une évaluation devant un simulateur de conduite.
Toutes ces opérations prennent du temps, généralement une journée. L'évaluation est gratuite pour les personnes concernées, car elle est prise en charge par l'État belge. Mais cela représente un dispositif assez lourd.
La décision finale est prise de façon collégiale par le médecin, le psychologue, le neuropsychologue et le driving assessor. Ce dernier n'est pas un moniteur d'auto-école, mais quelqu'un dont le métier est de ne faire que ce type d'évaluation. Souvent, il s'agit d'anciens ergothérapeutes ou d'anciens moniteurs qui ont complété leur formation grâce à des modules universitaires. Notons que de telles passerelles n'existent pas en France.