Déterminer un âge pour passer une visite médicale risque de stigmatiser une catégorie de la population. Quel âge choisir du reste ? Celui du départ à la retraite, à savoir le vieillissement social ? Soixante-dix ans ? Soixante-quinze ans, l'âge auquel on entre le plus souvent dans des institutions médicalisées ? Quatre-vingts ? Déterminer un tel âge, vous le voyez, serait très difficile.
De plus, comme je l'ai déjà précisé, ce n'est pas l'âge qui détermine les capacités à la conduite mais plutôt les aptitudes médicales et psychologiques, les habitudes antérieures et le comportement routier. Or, le plus souvent, l'âge n'intervient pas dans ces facteurs.
De plus, d'autres chiffres montrent que des conducteurs vieillissants arrêtent volontairement de conduire lorsqu'ils se sentent en difficulté physique, attentionnelle ou d'organisation, si bien que seuls 20 % des personnes âgées de plus de quatre-vingts ans continuent de conduire. Toutes les autres se sont arrêtées toutes seules, les femmes s'arrêtant avant les hommes, et les urbains avant les ruraux, du fait qu'en ville les transports en commun prennent le relais de la voiture particulière.
Il faut absolument prendre en considération la notion de situation de conduite. Encore une fois, en tant que gériatre, fixer un âge me paraît dangereux. Il serait préférable de repérer les profils les plus à risques, mais cela reste difficile parce que nous manquons de données scientifiques précises. Nous disposons toutefois de pistes.
Comme vous l'avez rappelé, ce sont les conducteurs les plus aptes, et donc les plus difficilement repérables, qui sont les plus dangereux.
Par ailleurs, comme vous l'avez également noté, à quatre-vingt-cinq ans, on meurt moins d'un accident de la circulation comme conducteur que comme piéton.