En matière d'aptitude à la conduite, nous évitons, dans le cadre de nos recherches, de nous focaliser sur l'aptitude au sens médical du terme pour considérer, plutôt, la capacité de la personne à réaliser l'activité de conduite. L'aptitude n'est pas le seul élément : il faut également prendre en considération les savoir-faire du conducteur, acquis lors de son parcours, et ses comportements. Ce sont ces trois éléments – aptitude, savoir-faire et comportement – qui définissent la « compétence de conduite », l'important étant leur régulation. Une réduction de l'aptitude fonctionnelle peut être compensée par des stratégies d'adaptation, ce qui permet au conducteur de conserver une compétence suffisante pour conduire en toute sécurité. Ainsi, une personne qui a été victime d'un traumatisme crânien pourra s'adapter en adoptant un comportement approprié, par exemple en réduisant sa vitesse.
Toutefois, cette adaptation suppose que la personne concernée ait non seulement connaissance, mais également conscience de la réduction de ses capacités. Nous nous efforçons donc d'objectiver les stratégies de régulation et d'adaptation et d'analyser la façon dont elles s'expriment en situation de conduite automobile. Nous menons ainsi des expérimentations avec des patients débutant une maladie d'Alzheimer, avec des parkinsoniens ou encore avec des traumatisés crânien, qu'ils soient à peine sortis du centre de réadaptation ou qu'ils aient repris, après deux ans, une activité quotidienne et qu'ils se soient remis à conduire régulièrement : nous voulons comprendre comment ces personnes, si elles y sont arrivées, ont compensé leur nouvel état fonctionnel.
Toutefois, la variabilité individuelle entraîne une grande diversité de situations : l'approche au cas par cas reste la plus efficace même si nous essayons d'établir des groupes cohérents de personnes qui surcompensent, qui ne compensent pas ou qui compensent de manière correcte.