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Intervention de Anne Guillaume

Réunion du 2 septembre 2011 à 14h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Anne Guillaume, directrice du Laboratoire d'accidentologie, de biomécanique et d'études du comportement humain, LAB :

Comme je l'ai déjà indiqué, les études dites « naturalistiques », qui ont été réalisées en Amérique du Nord, ont établi que les discussions téléphoniques exercent un effet bénéfique pour les conducteurs de camions, et qu'elles ne s'accompagnent pas d'un risque supplémentaire pour les conducteurs de véhicules légers, du moins en ce qui concerne directement les conversations téléphoniques ; le risque augmente, en revanche, dès qu'on manipule le téléphone et que le regard ne porte plus sur la route – au-delà de deux secondes, le risque devient très important.

On observe aussi que les usagers utilisent encore manuellement leur téléphone en situation de conduite, en dépit de l'interdiction en vigueur.

Je rappelle, en outre, que les constructeurs réalisent des efforts considérables pour intégrer complètement les téléphones portables avec des dispositifs de commande vocale. Il est beaucoup plus facile, en effet, de répartir son attention quand on est engagé dans des activités faisant appel à deux modalités différentes, l'une visuelle et l'autre auditive, que dans l'hypothèse d'une compétition directe entre des activités requérant le même type d'attention, de nature visuelle.

Il me semble, par ailleurs, que les usagers risqueraient d'utiliser manuellement leur téléphone s'il celui-ci était totalement interdit dans les véhicules, ce qui augmenterait naturellement le danger.

Au risque de me répéter, je rappelle aussi qu'il faut développer des études « naturalistiques » en Europe pour mieux apprécier le risque réel du téléphone au volant. Il convient, en particulier, de procéder à des distinctions selon les sous-tâches effectuées : les études épidémiologiques considèrent l'utilisation du téléphone portable de façon globale, alors que les études « naturalistiques » montrent que le risque varie beaucoup en fonction des sous-tâches concernées. Il est considérable quand on rédige un SMS, très important aussi quand on compose un numéro de téléphone, mais il est moindre pendant une discussion téléphonique.

Cela ne signifie pas qu'il faille systématiquement autoriser les conversations téléphoniques au volant : la situation est très différente, en effet, quand on se trouve place de l'Étoile ou bien sur une autoroute – dans ce dernier cas, toute l'attention n'est pas mobilisée par la conduite, et l'on peut très bien en consacrer une partie à une discussion par téléphone. Quand on est à l'arrêt dans un embouteillage ou quand on avance à 5 kilomètres à l'heure, le danger est également faible.

J'ajoute que le risque est très réduit si l'appareil téléphonique est entièrement intégré, c'est-à-dire s'il n'est plus utilisé qu'en mode auditif ou vocal. On peut aussi prévoir un filtrage des appels et des messages d'avertissement – diverses solutions technologiques sont envisageables.

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