Bien sûr, et l'hypovigilance est aussi liée à la monotonie et aux longs trajets. Mais elle n'est responsable que de 9 ou 10% des accidents sur l'ensemble des réseaux, et non de 30 % comme on a pu le lire en début d'année. Même si ce taux est proportionnellement plus élevé sur les autoroutes, c'est bien sur les routes départementales que les accidents mortels liés à l'hypovigilance, comme aux autres causes, sont les plus nombreux.
Par ailleurs, contrairement à ce que l'on croit parfois, l'hypovigilance est surtout un phénomène diurne : sur l'ensemble du réseau, elle est mise en cause deux fois plus souvent le jour que la nuit.
L'IFSTTAR a réalisé une étude cognitive sur l'utilisation du téléphone au volant : ses représentants nous en exposeront les résultats. Quoi qu'il en soit je ne partage pas du tout la position d'Anne Guillaume quant aux études réalisées en Virginie : si elles comportent quelques analyses générales, d'autres ont une portée beaucoup plus limitée, puisqu'elles concernent des truckers dont les conditions de travail sont très différentes de celles des chauffeurs de poids lourds en Europe. Or ce secteur est le seul où ces études ont montré que l'utilisation du téléphone et le recours à d'autres distractions pouvaient être bénéfiques : de l'ensemble des études que nous jugeons pertinentes par rapport au contexte européen, il ressort tout au contraire que la conversation téléphonique au volant représente un danger – en ce sens, l'utilisation du kit mains libres ne change rien.
Cela dit, pour le futur, il faut surtout insister sur l'extrême danger du SMS ou de toute utilisation sophistiquée du téléphone et de ses équivalents, d'autant que les jeunes, qui passent aujourd'hui leur examen du permis de conduire, préfèrent désormais ces modes de communication à la conversation orale. Comme on l'a dit, la manipulation des appareils, qui mobilise durablement la vue, accroît les risques de 20 %.
L'étude globale qui a été menée montre que l'utilisation du téléphone au volant accroît les risques de 3 %. Mais avec un taux de prévalence de 6 % – dont 4 % pour le kit mains libres –, la part attribuable à cette pratique dans l'accidentalité corporelle atteint 10 %. D'une façon générale, c'est moins le niveau de risque que l'ampleur de la prévalence qui explique la part attribuable à la plupart des pratiques dangereuses dans l'accidentalité.