Je rappelle qu'il est interdit de composer un numéro sur un clavier de téléphone, d'envoyer un SMS ou de tenir l'appareil à la main lorsque l'on est au volant. En revanche, aucun État de l'Union européenne n'interdit aujourd'hui l'utilisation du kit mains libres. Il faut faire la part des choses entre la nécessaire vigilance sur la route et les nouveaux usages sociaux de communication : la France ne saurait être le seul État européen à interdire l'utilisation du kit mains libres.
Quant à l'hypovigilance, on ne peut évidemment pas interdire à un conducteur d'être fatigué ; pourtant, la fatigue est un danger. En coopération avec les sociétés autoroutières, nous communiquons pour battre en brèche certaines idées fausses : ouvrir la fenêtre, augmenter le volume de la musique ou boire un café ne peuvent diminuer la fatigue ; le seul remède est de se reposer. Les accidents liés à l'hypovigilance ne surviennent pas seulement la nuit et sur l'autoroute.
Les infrastructures doivent comporter des systèmes d'alerte des automobilistes, comme les bandes de rives sonores certifiées : nous sommes en discussion avec les sociétés autoroutières et l'État gestionnaire pour les installer sur les autoroutes nouvelles. Cette technique n'est certes pas la panacée, mais elle a l'avantage d'être simple.
Dans le cadre du Comité des usagers du réseau routier national, nous réfléchissons aussi, avec les sociétés autoroutières, à l'amélioration de la qualité des aires de repos, afin de donner à l'automobiliste l'envie de s'y arrêter en toute sécurité, notamment la nuit.
Arnaud Grison l'a rappelé, le CISR, lors de sa réunion de mai dernier, a décidé, à juste titre, de sanctionner le franchissement des rives séparatives de la bande d'arrêt d'urgence et le non-respect de l'interdiction de circuler sur les voies réservées : il y va de la sécurité des automobilistes comme des agents des sociétés autoroutières.
Enfin, les véhicules contiennent de plus en plus de technologies embarquées et de systèmes d'aide à la conduite. Les fabricants d'avertisseur de radars ont récemment signé, avec le ministre de l'intérieur, un protocole relatif à la lutte contre l'hypovigilance. Nous n'en sommes qu'au stade des propositions, mais il me semble opportun de réfléchir à l'utilité des GPS en ce domaine. Alors que l'on ne pourra jamais empêcher un conducteur fatigué de prendre le volant, l'infrastructure, l'information embarquée, la sensibilisation et, si nécessaire, la sanction doivent le protéger.