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Intervention de Arnaud Grison

Réunion du 2 septembre 2011 à 14h00
Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière

Arnaud Grison, directeur général de Cofiroute, Fondation d'entreprise Vinci autoroutes pour une conduite responsable :

Je souhaite vous faire part de mon expérience à la tête d'une société autoroutière et de ma grande inquiétude pour la sécurité de nos équipes d'intervention.

En quatre ans, trois de nos salariés ont été tués et douze autres blessés, à la suite d'accidents causés par des conducteurs endormis ou distraits, deux causes qui, selon nos chiffres, représentent un accident corporel sur deux et un accident mortel sur trois. Pour les gendarmes, les dépanneurs, les pompiers et nos clients, ces événements sont devenus tragiquement banals. Pas plus tard que mardi dernier, deux de nos agents ont été percutés par un conducteur qui, à quatorze heures, s'était endormi ; par miracle, ils s'en sont sortis avec des blessures légères. Reste que l'on ne peut pas toujours s'en remettre au miracle : il est urgent d'agir.

Sur l'autoroute, nos agents ont, selon leurs propres termes, l'impression d'être sur un champ de tir. Depuis trois ans, nous militons donc pour intégrer les facteurs comportementaux dans les politiques de sécurité routière, au même titre que la lutte contre la vitesse excessive ou la protection des deux roues et des jeunes. La difficulté est que chacun est concerné, partout et à tout moment. Nous avons réitéré nos propositions auprès de la DSCR à l'occasion d'un colloque. Les phénomènes les plus fréquents sont le non-respect de la distance de sécurité, notamment pour les trains de poids lourds, et les franchissements de la bande d'arrêt d'urgence, où nos équipes travaillent toute la journée pour dépanner nos clients.

Loin d'être sanctuarisée, la bande d'arrêt d'urgence est trop souvent considérée comme une « zone de droit à l'erreur » ; ainsi, nos véhicules y sont souvent percutés, avec, comme conséquence, des constats matériels multiples.

La somnolence concerne davantage la conduite sur autoroute, plus monotone, mais elle peut aussi survenir lors des trajets urbains, pour les mêmes raisons que l'on s'endort dans son canapé devant la télévision. Ces cas de figure sont insuffisamment pris en compte dans les politiques de sécurité routière. Certes, depuis douze mois, les médias parlent aussi du problème de la somnolence, et l'opinion ne semble pas l'ignorer : chaque année, il est à l'origine d'un accident ou d'un écart de conduite pour 1,5 million de nos concitoyens. Il s'agit donc d'un enjeu de santé publique, d'autant que, selon les enquêtes, les Français dorment moins et les occasions de déplacement sont de plus en plus nombreuses. Or, comme l'observait Mme Gabaude, on ne peut pas lutter contre le sommeil : lorsque l'on est fatigué, la seule chose à faire est de s'arrêter et de dormir.

Il nous semble donc urgent d'agir. Nous essayons de le faire à notre niveau, à travers la Fondation, des campagnes de presse ou des études, comme celle réalisée cet été avec l'hôpital de Garches pour analyser le phénomène de la somnolence auprès de 3 000 automobilistes. Nous nous efforçons également de sensibiliser la représentation nationale et la DSCR à la nécessité d'intégrer les facteurs comportementaux dans les politiques de sécurité routière.

Nous avons ainsi accueilli avec satisfaction l'annonce du Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) au mois de mai dernier concernant le renforcement des sanctions contre les conducteurs – le plus souvent de poids lourds – qui franchissent la bande d'arrêt d'urgence et ne respectent pas les balisages. Trente-deux fourgons de Cofiroute ont été heurtés depuis le début de l'année – le dernier pas plus tard que ce matin, à Ancenis, par une cliente qui prétend n'avoir pas vu le balisage matérialisé par une grande flèche rouge. Le non-respect d'un balisage doit être sanctionné au même titre que le non-respect d'un feu rouge ou d'un stop. Une politique complète en ce domaine doit associer sensibilisation, prévention mais aussi sanction. Nous espérons donc que l'annonce du CISR sera rapidement suivie d'effets.

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