Le facteur humain, on vient de le voir, est essentiel dans les accidents. Toutefois, si la fatigue apparaît généralement dans une situation monotone, qui comporte peu de stimuli, le défaut d'attention survient dans une situation complexe et, en ce sens, presque contraire.
J'ai remis un rapport détaillant la façon dont les constructeurs appréhendent le problème, et notamment les défauts d'attention, qui peuvent être nombreux. Les études naturalistiques menées aux États-Unis depuis dix ans permettent ainsi d'observer le comportement habituel de conducteurs via des équipements – caméras et capteurs – installés pendant plusieurs mois dans leur voiture. Elles montrent que le risque lié à l'utilisation du téléphone portable est équivalent à celui que l'on trouve dans les études épidémiologiques – à savoir un taux de 3 ou 4 % –, et ont décomposé cette utilisation en sous-tâches : prendre l'appareil, composer un numéro, parler, raccrocher, ranger l'appareil. Ainsi, le risque d'accident est de 23 % pour l'envoi de SMS, de 6 % pour la numérotation, mais il est nul pour la conversation.
Ces études, menées sur des conducteurs de camions et des conducteurs de véhicules légers, ont révélé que, pour les premiers, qui effectuent de longs trajets, la conversation téléphonique avait même un effet bénéfique, dans la mesure où elle maintient éveillé dans une situation monotone.