Ingénieur mécanicien, titulaire d'un doctorat de biomécanique, je préside le Comité européen pour l'amélioration de la sécurité des véhicules, qui pose les bases scientifiques des réglementations. Je suis également expert auprès de la Communauté européenne pour les projets de recherche du septième programme-cadre de recherche et de développement (PCRD) et directeur de recherche émérite rattaché à la direction scientifique de l'IFFSTAR.
J'ai abordé cette question de la sécurité des véhicules en travaillant à la protection des usagers depuis le début des années soixante-dix. J'ai participé au développement des ceintures de sécurité et des airbags ; j'ai également étudié le comportement des véhicules soumis à des chocs et, plus récemment, la protection des piétons en cas d'accident.
Je souhaiterais faire passer plusieurs messages.
Premièrement, il est habituel de distinguer entre sécurité active – comment éviter l'accident – et sécurité passive – comment protéger les usagers en cas d'accident –, mais il faut bien voir que chacune interagit avec l'autre. Voilà pourquoi nous adoptons de plus en plus souvent une approche intégrée.
Deuxièmement, les questions liées à la sécurité des véhicules sont d'abord internationales : la France a signé des accords dans le cadre des Nations unies ; les règlements de sécurité sont établis à Genève, repris sous forme de directives à Bruxelles et appliqués dans les pays de l'Union européenne. Notre pays n'est pas dépourvu pour autant de moyens d'agir, puisque, présent dans ces différentes instances, il peut par exemple pousser en faveur de telle ou telle réglementation.
Troisièmement, la sécurité passive a énormément progressé au cours des quarante dernières années même si certaines niches restent à exploiter – ainsi l'amélioration de la compatibilité entre véhicules ou de l'adaptation des systèmes aux caractéristiques des occupants ou des accidents. C'est donc de la sécurité active que nous pouvons attendre l'essentiel des améliorations à venir. Comme de nouvelles technologies apparaissent tous les jours, il nous faut faire des choix, ce qui suppose de développer des méthodes d'évaluation et de validation. Or cette évaluation est particulièrement difficile s'agissant des systèmes de sécurité active dans la mesure où ils interfèrent directement avec les actions du conducteur.
Enfin, ces progrès, qui s'apprécient au niveau international, ne peuvent être le fruit que de recherches collaboratives, entre les pouvoirs publics et ceux qui étudient les accidents – ceux qui sont à même d'évaluer les progrès et de les mettre en oeuvre.